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DE LA NATURE VÉGÉTALE.
ceaux variés, rappelant de toute part,
avec les eaux du ciel, les poissons épars
dans leurs anciennes demeures; formant
par leurs masses, sans occuper aucun
espace, huit cent mille arpents de bois
précoces, capables de nous consoler avec
promptitude de notre pénurie, et huit
cent mille arpents de prés suspendus
dans les airs, propres à nourrir et aug
menter nos troupeaux. Aussitôt que les
premiers zéphyrs commencerbient à par
courir les champs, on verroit ces belles
cadences de saules, les uns en forme
de pyramides ascendantes, les autres
comme celui de Babylone, en pyramides
renversées; ceux-ci en larges masses éten
dues, et ceux-là arrondis comme des
globes, se revêtir de feuilles de mille
nuances agréables, se couvrir de manne,
et suspendre avec grace leurs longs cha
tons d'épis dorés, argentés, rouges, pur
purins, bleuâtres ou verdâtres, chargés