VITRUVE,
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servir d'arrêt et empêcher que rien ne lâche; et ayant passé le câble à l'autre
côté de la même manière, on le bande avec des leviers et le moulinet, jusqu'à
ce qu'il sonne le même ton que l'autre ; et c'est par cet arrêt fait avec des che¬
villes de fer que l'on tend la Catapulte avec la justesse nécessaire, observant le
ton que sonnent les cåbles (4).
pouvait plier, quelque effort que son énorme pesan¬
arbres. C'est pourquoi j'ai interprété concluduntur sim¬
teur pût faire, si l'assemblage qui la tenait suspen¬
plement on fait l'arrêt, ne pouvant trouver dans le
texte quelle est la chose qui est arrêtée et affermie,
due et par le moyen duquel on la remuait était assez
fort pour ne pouvoir plier. Pour l'élever à la hauteur
quoiqu'il n'y ait point de doute que ce sont les bras
nécessaire et pour la poser, comme on ne pouvait pas
de la Catapulte.
(4) Cette observation de la tension des câbles, soi
se servir de l’assemblage de poutres qui avait été em¬
ployé à la mener, on se servit d'un grand pan de char
par le ton du son qu’ils rendent quand on les frappe,
soit par la raideur que l’on y remarque en les tou¬
chant , peut avoir d'autres usages, et qui appartien¬
nent davantage à l'architecture que celui qu'elle a
dans les Catapultes dont Vitruve apporte l'exemple
au premier chapitre du premier livre : pour faire en¬
tendre qu'un architecte doit être musicien, afin qu'il
puisse retenir le ton que produit la tension d'un des
bras de la Catapulte, et le savoir comparer au ton
que produit la tension de l'autre bras. J'apporterai
ici un exemple de l'usage que peut avoir la connais-
sance de cette tension des câbles, laquelle a été né¬
cessaire pour faire agir la machine employée à élever
les grandes pierres dont on a couvert le fronton qui
est sur la principale entrée du Louvre. Ces pierres
qui pesaient chacune plus de quatre-vingts milliers
n’étaient pas tant difficiles à élever à cause de leu
pesanteur que par la raison de leur figure, qui les
rendait faciles à se rompre si elles n'avaient pas été
soutenues également ; car, ayant cinquante-deux
pieds de long sur huit de large, elles n'avaient tout
au plus que dix-huit pouces d'épaisseur.
Pour empêcher que cette fracture ne leur arrivât,
soit dans leur transport de la carrière, qui est sur la
montagne de Meudon, à deux lieues de Paris, soit
dans leur élévation et leur posement, qui était à prè¬
de vingt toises du rez-de-chaussée : les précautions
que l'on a apportées ont été, que l'on a fait un as¬
semblage de charpentes de la longueur de la pierre,
composé de grosses pièces de bois, pour le rendre le
plus ferme et le moins capable de ployer qu'il serait
possible ; car la pierre y était enfermée et suspendue
par des cables par huit endroits de chaque côté, elle ne
pente qui avait été élevé le long de la façade du Louvre
et jusqu'à la hauteur de plus de vingt toises pour
servir d'échafaud, sur lequel on fit un plancher com
posé de six poutres, entre lesquelles les câbles qui
devaient élever la pierre pouvaient passer. Ce plan¬
cher en soutenait un second, sur lequel il y avait huit
treuils ou gros rouleaux qui, par le moyen des leviers
qu'on passait à chacun de leurs bouts, bandaient les
câbles qui devaient élever la pierre, laquelle étant
élevée un peu plus haut que l'endroit où elle devait
être posée, fut poussée avec toute la machine au-des
sus de cet endroit, ce qui se fit en faisant avancer le
second plancher, qui coulait sur d'autres rouleaux
posés entre les deux planchers.
Or la difficulté était de faire que les câbles qui éle¬
vaient la pierre fussent toujours également bandés;
car on ne pouvait pas être assuré qu'il y eût assez
d'égalité dans la grosseur des treuils ni dans celle des
câbles, pour faire que, bien qu'on tournât tous les
treuils ensemble, il fût certain que les câbles tirassent
toujours tous également, et que les uns ne fussent
pas quelquefois lâches pendant que les autres étaient
bandés, puisque des câbles d'une même grosseur
peuvent presser et s'allonger l'un plus que l'autre.
Pour remédier à cet inconvénient, le maître était sui
la pierre pendant qu'elle montait, et il y marchait
comme dans une galerie pour toucher tous les câbles
l'un après l'autre, afin de reconnaître par là celui
qui était plus bandé que les autres, et ordonner que le
treuil qui bandait ce câble cessât d'agir pendant que
les autres continuaient à être bandés. Pour cet effet
les treuils avaient chacun leur nom, et il y avait ordre