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bas du moufle supérieur, et l'on fait encore descendre la corde pour en atta¬
cher le bout au trou qui est dans le moufle inférieur ; l'autre bout de la corde
s'attache en bas, vers l'endroit où les grandes pièces de bois équarries se retirent
en arrière en s'écartant, et auxquelles sont attachées les amarres qui reçoivent
les deux bouts du moulinet, afin qu'ils y puissent tourner aisément. Le moulinet,
vers chacun de ses bouts, a deux trous disposés de sorte que l'on y puisse passer
des leviers. On attache à la partie inférieure du moufle des tenailles de fer (3).
dont les crochets s'adaptent aux trous que l'on fait pour cela dans les pierres.
(3) Je lis avec Philander, forcipes, qui signifie des
tenailles, au lieu de forfices, qui signifie des ciseaux.
Ces tenailles de fer dont Vitruve parle ici sont ce que
nos ouvriers appellent louve, qui est un instrument
de fer avec lequel on accroche les pierres pour les en-
lever avec les engins ou avec les grues. Je trouve trois
espèces de louve, savoir, celle des anciens, dont Vitruve
parle ici, celle dont Philander dit qu'on se servait à
Rome de son temps, et celle dont nous nous servons
à présent en France. Celles des anciens étaient com¬
posées de deux pièces de ferA, D, B, C, jointes par un
clou au milieu comme des ciseaux ou des tenailles.
Ces pièces étaient un peu recourbées par en bas, pour
serrer la pierre, et elles avaient chacune un anneau
par en haut, comme des ciseaux, afin que la corde E,
étant passée dans ces anneaux, fit approcher en tirant
les deux branches d'en haut, et serrer par conséquent
les deux branches d'en bas. Philander croit que ces
deux branches d'en bas embrassaient toute la pierre;
mais le texte de Vitruve, qui a: forcipes quorum dentes
in saxa forata accommodantur, fait entendre qu'il
avait deux trous C, D sur le lit de dessus, dans lequel
on mettait les bouts de la louve, qui, étant tirée par
ses anneaux, serrait seulement la partie de la pierre
qui était entre les deux trous. On voit ces deux trous
en chaque pierre dans les anciennes ruines, et entre
autres aux Tutèles, à Bordeaux, où chaque tambour
dont les colonnes sont composées a trois trous, sa¬
voir, un au milieu pour une barre de ser qui enfile
plusieurs tambours, et deux autres distants de celui du
milieu chacun d'environ six pouces. Il est vrai que
l'on voit aussi des pierres en plusieurs autres ruines
tres-anciennes, qui n'ont qu'un trou pour la louve
et il semble qu'il ait été fait pour quelque autre sorte
de louve pareille à celle dont parle Philander,
VITRUVE,
La seconde espèce de louve dont parle Philander
est plus sûre que la première, qui peut laisser tomber
la pierre, pour peu que les branches, qui doivent être
longues et par conséquent faibles, viennent à s'écarter
en ployant, ou que le câble, qui est passé dans les an¬
neaux des branches, s'allonge et s'étende; car cela
peut arriver lorsque le poids du fardeau est extraor¬
dinaire. Cette autre espèce de louve se met dans un
seul trou, qui doit être creusé dans la pi rre de sorte
qu'il soit plus large par le fond qu'à l'entrée. On met
dans ce trou les deux coins A,B, dont la partie la plus
large est vers le bas ; au milieu de ces coins on en
met un troisième, C, qui n'est pas plus large en bas
qu'en haut, mais qui est fait pour écarter les deux
autres et les serrer contre les côtés du trou. Ces trois
coins sont percés par en haut et enfilés avec l'anse I, D,L,
par la cheville I, L, qui a une tête, L, et une pointe, I,
arrêtée avec une clavette : ces trois coins, ainsi joints
ensemble, forment une queue d'hirondelle qu'il est
impossible de faire sortir de la pierre qu'en ôtant le
coin C, qui est au milieu.
La troisième espèce de loure, qui est celle dont
nous nous servons, est encore plus commode que la
seconde; car au lieu de six pièces de fer dont la seconde
est composée, celle-ci n'en a que trois qui sont en fer, à
queue d'hirondelle, A, garni d'un anneau, B, qui tient
lieu de l'anse, et deux coins, C, D, qui sont égaux et
aussi larges à un bout qu'à l'autre. Pour se servir de
cette louve , on fait un trou de même que pour la
seconde, lequel a par le haut la largeur du bas de la
queue d'hirondelle, A, et qui, par en bas, outre cette
jargeur du bas de la queue d'hirondelle, a encore la
largeur de deux coins. La queue d'hirondelle étant
ensoncée, on y met aussi les deux coins, l'un d'un côté¬
l'autre de l'autre, qui font le même effet que si la