Full text: Vitruvius: Les dix livres d' architecture de Vitruve

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l'explication qui a été jugée nécessaire pour l'intelligence du texte, que la signi- 
fication littérale des mots qui sont à la marge ne donnait pas suffisamment. 
On a été religieux à ne rien changer au texte, non pas niême en des choses 
qui en rendent la lecture peu agréable et qui ne sont d’aucune utilité pour l'in¬ 
telligence des matières qui y sont traitées, telle qu'est par exemple l'affectation 
importune que l'auteur a d'apporter les mots grecs, dont il avertit que les mots 
latins qu'il a mis ont la signification, comme quand il dit: Architectura constat 
PRÉFACE 
ex ordinatione quæ græcè taxis dicitur. On en a ainsi usé, parce que, si l'on 
avait voulu retrancher du texte tout ce qui n'est point nécessaire, on aurait été 
obligé d'ôter beaucoup d'autres choses, et peut-être qu'on se serait trompé dans 
le choix que l'on aurait fait de ce qu'il y a à retrancher. 
Je ne fais point d'excuse de la liberté que j'ai prise de changer les phrases, 
parce que je croirais avoir beaucoup failli si j’en avais usé autrement, puisque 
les manières de parler du latin sont encore plus différentes de celles du français 
que les mots ne le sont ; et j'ai fait consister toute la fidélité que je dois à mon 
auteur, non pas à mesurer exactement mes pas sur les siens, mais à le suivre 
soigneusement où il va. J’en ai toujours usé de cette sorte, si ce n’est quand 
l'obscurité de la chose m’a obligé de rendre mot pour mot ; car alors je l'ai fait 
afin que s'il se rencontre quelqu'esprit éclairé dans ces matières à qui il ne 
manque que l'intelligence de la langue latine , il puisse découvrir le sens ou le 
suppléer en changeant quelque chose. 
Il est vrai que ces changements sont très-dangereux et qu'il est à craindre que 
l'on n’augmente le mal en voulant y remédier, ainsi qu’il y a apparence que les 
copistes ont souvent fait lorsqu'ils ont corrompu le texte en pensant corriger 
des endroits qu'ils croyaient corrompus, parce qu'ils ne les entendaient pas. Il 
y a un exemple de cela à la fin du chapitre VIII du livre II, où le copiste qui a 
écrit un manuscrit dont je me suis servi ayant lu dans l'original qu'il copiait : 
ex veteribus tegulis tecti structi, a cru qu'il y avait un solécisme, s'imaginant 
que tecti était un pluriel, et qu'il fallait mettre ex veteribus tegulis tecta structa, 
c'est-à-dire des toits faits avec des vieilles tuiles; car au lieu de corriger une
	        
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