Full text: Vitruvius: Les dix livres d' architecture de Vitruve

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bonnes lois, sans lesquelles il est, impossible que les états puissent subsister. 
Si les grands hommes procurent tant de bien à leurs semblables par la pu¬ 
blicité qu'ils donnent à leurs inventions, je pense qu'ils méritent non seulement 
d'être honorés par des palmes et par des couronnes, mais qu'il faut leur décerner 
des triomphes et les mettre au rang des dieux (1). 
Je me propose de rapporter quelques exemples des inventions les plus utiles 
à la vie humaine et à la société, que les auteurs de l'antiquité ont trouvées et 
nous ont laissées par écrit; on avouera qu’ils étaient dignes de grands honneurs 
et qu'ils méritent toute notre reconnaissance. Je commencerai par l'explication 
d'une invention dont Platon est auteur, ainsi que de plusieurs autres. 
(1) Aristote apporte deux raisons de ce que les an¬ 
ciens Grecs ne proposaient point de prix à ceux qui 
excellaient dans les actions de l'’esprit, mais seulement 
à ceux qui surpassaient les autres dans la force et dans 
l'adresse du corps. La première est que l'on estime 
et que l'on admire les choses qui sont faites par la 
puissance humaine, et non pas celles que la puissance 
humaine trouve faites. Or il dit que la victoire d'un 
athlète est comme l'ouvrage de la force et de l'a¬ 
dresse de son corps, au lieu que toute la subtilité 
d'un philosophe ou d'un mathématicien ne va qu'à 
trouver ce qui est déjà sans elle, puisque les plus belles 
spéculations ne sont que des choses existantes avant 
la spéculation, et que, par exemple, les trois angles 
VITRUVE, 
de toutes sortes de triangles n'auraient pas laissé 
d’être égaux à deux droits, quand personne n'y au¬ 
rait jamais pensé. 
La seconde raison est que, pour donner le prix à 
ceux qui excellent dans les productions de l'esprit, il 
faut être capable d'en juger, et que cette capacité ne 
se rencontre qu'en ceux qui surpassent en esprit ceux 
dont ils sont les juges, ce qui n'est pas toujours né¬ 
cessaire dans les autres jugements; car il n'y a per- 
sonne, quelque faible et pesant qu'il puisse être, qui 
ne soit capable de voir qui est celui qui surpasse les 
autres à la course, à la lutte et dans les autres exer¬ 
cices du corps. 
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