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999900004 100000000900000 100 299000
VITRUVE
90 200000000 200000000 300000 200900000000000000000000 3000000
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CHAPITRE II.
DES EAUX DE PLUIE ET DE LEURS QUALITÉS.
oo
Il n'y a point de meilleure eau que celle de la pluie, parce qu'elle est com¬
posée des parties les plus légères et les plus subtiles qui ont été extraites de toutes
les autres eaux, que l'air a long-temps purifiées par son agitation, jusqu’à ce
que dans les orages elles se liquéfient pour tomber sur la terre. Or les pluies ne
tombent pas si souvent dans les plaines que sur les montagnes, parce que les
vapeurs que le soleil attire le matin poussent en s’élevant une certaine quantite
d'air vers le côté où elles sont attirées, et ellès attirent aussi à elles l'air qui les
suit en ondoyant, et qui remplace le premier, afin de ne point lai sser de vide
Ce dérangement de l'air qui suit la vapeur qui l'attire, en augmente le mouve¬
ment et l'impétuosité, ce qui produit les bouffées de vents (1), qui, amassant et
amoncelant ces vapeurs que la chaleur du soleil a tirées de l’eau des fontaines,
des fleuves, des étangs et de la mer, forment les nuées que nous voyons ainsi
flotter dans les airs, où elles sont portées par les vents; et si elles viennent à
rencontrer celui qui est sur les montagnes (2), elles sont repoussées et pressées
(1) Ce raisonnement sur la manière dont les vents
s'engendrent a déjà été fait au chapitre sixième du
premier livre. Les causes que Vitruve apporte sont
assez probables, la raréfaction que la chaleur du
soleil produit dans l'air chargé de beaucoup d'humi¬
dité étant capable de faire que l'air qu'elle élargit
pousse celui d’alentour qui n’est point raréfié et le
fasse couler; mais cette attraction que Vitruve attribue
à la raréfaction de l’air est une chose mal aisée à
concevoir. Il y aurait plus d'apparence de dire que, la
raréfaction produisant de soi une impulsion égale de
tous les côtés, l'air est déterminé à courir vers un côté
plutôt que vers un autre, lorsqu'il arrive qu'en
quelque endroit il se fait une condensation de quelque
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partie de l’air, qui attire vers ce côté-là tout l'air qui
est entre celui qui est condensé et celui qui est rarehe,
et qui fait que toute l’'impulsion de l’air raréfié agit
vers l’endroit où la condensation se fait ; parce que
l’espace que l’air occupait avant que d’être condense,
venant à être moins rempli par la condensation, donne
place à celui qui est poussé par l'air raréfié; ce qui fait
une apparence d’attraction, quoiqu’en effet cela ne
fasse que déterminer le lieu vers lequel l'impulsion se
fait.
(2) S'il est vrai que la pluie tombe plus souvent
sur les montagnes que dans les vallées, il faut ajouter
un mot au texte latin pour lui donner quelque sens,
et lire propter plenitatem et gravitalem deris, ajoutant