Full text: Vitruvius: Les dix livres d' architecture de Vitruve

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Il faut aussi faire en sorte que le poids des murs soit soulagé par des dé¬ 
charges faites de pierres taillées en manière de coin, et disposées en arcs; car 
les deux bouts de l'arcade de la décharge étant posés sur les bouts du linteau ou 
du poitrail, le bois ne pliera point, parce qu'il sera déchargé d'une partie de 
son faix; et s'il lui arrivait de se gâter par vétusté, on pourrait le remplacer 
sans qu'il fût besoin d'étayer. 
Dans les édifices qui sont bâtis sur des piles jointes par des arcades, il faut 
avoir soin de donner plus de force aux piles des extrémités, afin qu'elles puis¬ 
sent résister à l'effort des pierres taillées en coin, qui en se pressant l'une 
l'autre, à cause du poids des murs qui sont au-dessus, pourraient pousser les 
VITRUVE 
Impostes; mais les piles des angles étant fort larges, l'ouvrage aura la fer¬ 
meté désirable. 
Outre toutes ces choses, qui doivent être exactement observées, il faut encore 
prendre garde que la maçonnerie soit bien d'aplomb, et que rien ne penche ni 
d'un côté ni d'autre ; et l’on doit surtout apporter le plus grand soin à la con¬ 
struction des murs en fondation à cause de la terre qu'ils soutiennent, qui peut 
causer une infinité d'inconvénients. Car la terre n'est jamais en un même état 
variant selon les saisons; en hiver, elle s'enfle et devient plus pesante qu'en été, 
à cause des pluies qui la pénètrent, ce qui fait qu'elle presse et qu'elle rompt la 
maconnerie. Pour remédier à cet inconvénient il faut en premier lieu donner au 
mur une épaisseur proportionnée à la terre qu'il soutient, il faut de plus le ren¬ 
forcer en dehors (3) avec des éperons et des arcs-boutants (4) qui seront con¬ 
struits en même temps que le mur et seront séparés les uns des autres (5) par 
ceux qui sont en dehors et devers la terre; les autres 
ainsi qu'il a été remarqué au chapitre 2 du troisième 
font des angles qui sont uti dentes serratim constructi 
livre, signifie la cymaise, ou talon d'une corniche 
ainsi qu'il se voit dans cette figure. 
il n'y a point d'apparence que Vitruve en entend¬ 
(4) Les mots grecs anterides et erismæe, que Vi¬ 
parler, parce qu'en cet endroit-ci il ne s'agit point 
truve a mis ici, signifient des appuis : ils viennent du 
d'aucun membre d'architecture en particulier; de 
verbe eridein, appuyer, résister et pousser contre. Nos 
sorte que lysis se doit prendre selon la signification 
mots français d'éperons et arcs-boutants sont méta¬ 
grecque à la lettre , c’est-à-dire pour la rupture 
d'un mur qui se fait par la séparation des pierres dont 
il est composé. Néanmoins les grammairiens croient 
que Vitruve a voulu signifier par ce mot le vide et 
l'ouverture d'une porte. 
(3) C'est-à-dire à la face du mur, laquelle soutient 
la terre. Le texte a in frontibus , qui est opposé à in¬ 
trorsùs contrà terrenum , en sorte que je crois que Vi¬ 
truve entend qu'il a des éperons aux deux faces du 
mur, dont les uns sont droits et parallèles, savoir 
phoriques et désignent les deux espèces d’appuis que 
l'on met aux murs ; car les uns, marqués A, qui sont 
perpendiculaires au mur , sont appelés éperons parce 
qu'ils sont attachés au mur de même que l'éperon 
l'est au talon; les autres, marqués B, nommés arcs 
boutants, sont courbés et sont de la même espèce que 
ceux que Vitruve dit ressembler à des dents de scie, 
marqués C. (Voir la Planche LXXV. 
(5) Le texte latin est si corrompu en cet endroit.
	        
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