VITRUVE,
cause qu'ils sont entre deux aules; nous les appelons Andronas, mais c'est une
chose surprenante que ce mot ne signifie point en grec la chose qui est entendue
par les Latins; car les Grecs signifient par Andronas les grandes salles où les
hommes sont accoutumés de faire leurs festins, et où les femmes ne viennent
point. Nous nous servons ainsi de quantité de noms grecs avec le même abus:
comme de Xystus, de Prothyrum, de Telamones et de plusieurs autres. Car
Xystos en grec est un large portique ou les athlètes s'exercent pendant l'hiver,
et nous autres nous appelons Xysta des allées découvertes pour se promener,
que les Grecs nomment Peridromidas. De même les Grecs appellent Prothyra
les vestibules qui sont devant les portes, et Prothyra parmi nous sont ce que
les Grecs appellent Diathyra. Nous appelons aussi Telamones (12) les figures
d'hommes qui soutiennent les mutules ou les corniches, mais ce nom ne se
trouve avoir aucun fondement dans l'histoire. Ces figures sont appelées Atlas
par les Grecs, parce que Atlas ayant été le premier qui a enseigné le cours du
soleil et de la lune, le lever et le coucher des étoiles, et tous les mouvements
du ciel, que son génie et son travail lui ont fait découvrir, les peintres et les
sculpteurs, en reconnaissance de cela, l'ont représenté soutenant le ciel sur ses
épaules. C'est aussi pour cette raison que ses filles Atlantides, qui sont appelées
Pléiades par les Grecs, et Vergiliæ par les Latins, ont été mises entre les étoi¬
les. Mon dessein n'est pas toujours de changer les noms que l'usage a établis,
mais ce que j'en ai dit a été pour faire savoir aux curieux les différentes signifi¬
cations de ces mots.
les Latins le nomment telamon ; mais il y a apparence
étroite par le mot de flûte est familière à notre langue.
que ce grammairien a pris cela dans Vitruve, parce
(12) Baldus croit que le mot telamon vient du grec
tlemon, qui signifie un misérable qui supporte le
qu'il ne se trouve point que les auteurs latins qui ont
mal avec patience, ce qui convient assez bien à ces
parlé de ce roi de Mauritanie qui, pour avoir été fort
figures qui portent les saillies des corniches; Servius,
adonné aux observations astronomiques, a donné lieu
néanmoins, dit que ce que les Grecs appelaient atlas à la fable, l'aient appelé autrement qu'Atlas.