proportion doit être telle qu’il leur faut de largeur un tiers moins que de lon¬
gueur, sans comprendre le reposoir (1) qui est autour du bain, et le corridor (2)
Le bain doit êtreéclairé par en haut, afin qu’il ne soit pas obscurci par ceux qui sont
à l'entour, et il faut que les reposoirs qui sont autour du bain soient assez grands
pour contenir ceux qui attendent que les premiers venus qui sont dans le bain
en sortent. Le corridor qui est entre le mur et la balustrade ne doit pas avoir
(1) LE REPOSOIR. J'ai ainsi interprété le mot grec
Chola, qui signifie un lieu où l'on demeure sans agir
et sans travailler du corps. C'était un endroit dans les
bains où ceuxqui voulaient se baigner attendaient qu'il
y eût place dans l'eau. Quelques-uns estiment que c'était
un portique : Barbaro croit que Vitruve a ainsi appelé
le rebord du bassin dans lequel l'eau était contenue,
(2) LE CORRIDOR. Philander et Barbaro veulen
qu'ALVEus, que j'interprète Corridor, soit ici la mêm¬
chose que le LABRUM, qui est le bassin où l'on se baigne
ce que je ne puis croire, à cause de la petitesse de ce
bain, qui, selon la supputation de Barbaro, n'aurait que
quatre pieds, car cette grandeur ne peut être suffisante
pour un bain public tel qu'est celui dont il s'agit, qu
devait être fort spacieux, puisqu'il est dit qu'il devai
être proportionné au nombre du peuple; cé qui ne
peut être entendu d'une baignoire de quatre pied
de long, qui n'est que pour une seule personne. E
d'ailleurs l'on sait qu'il y avait des bains si grands que
l'on y pouvait nager, et qui, pour cette raison, étaient
appelés colymbethra ; mais ce qui est dit d'Aloeus,
savoir qu'il est entre le mur et la balustrade, inter
parietem et plutœum, fait entendre assez clairement
qu'Alocus ne peut-être le bain. Toute la difficulté est
sur l'équivoque d'Aleus, qui, à la vérité, est synonyme
LIVRE V.
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moins de six pieds de large, parce que le degré qui est au-dessous et l'appui qui
est au-dessus en emportent deux.
Le LACONICUM (3), ou Etuve à faire suer, doit être joint avec l’étuve qui est
tiède, et il faut que l'une et l'autre aient autant de largeur qu'elles ont de
hauteur jusqu’au commencement de la voûte, qui est en demi-rond; au milieu de
cette voûte on doit laisser une ouverture pour donner du jour, et y suspendre
avec des chaînes un bouclier d'airain par le moyen duquel, lorsque on le haus¬
sera ou baissera, on pourra augmenter ou diminuer la chaleur qui fait suer. Ce
lieu doit aussi être arrondi au compas, afin qu'il reçoive en son milieu également
la force de la vapeur chaude qui tourne et s'épand dans toute sa cavité.
avec Labrum, et ne peut signifer un corridor que mé¬
thaphoriquement; mais cetté signification est familière
à Vitruve, ainsi qu'il a été expliqué à l'endroit où i
appelle aloeolatum stylobatam un piédestal continu
dont la corniche et la base font des saillies qui laissent
une partie enfoncée dans le milieu et semblable à un
canal. J'ai cru que dans l'obscurité et la confusion de
cet endroit je pouvais donner cette interprétation au
texte de Vitruve, principalement la chose étant aussi
claire qu'elle est, comme il se peut voir par la figure
mon
de la planche LVII, qui est conforme en cela à celle
que Pyrrho Ligorio a dessinée sur un bas-relief antique
et qu'il a communiquée à Mercurial ; car il paraît par
cette figure que le bain était un bassin de pierre dans
lequel un grand nombre de personnes se pouvaient
baigner ensemble, et qu'autour de ce bassin il y avai
aux deux côtés un espâce assez large, et que le
long des deux autres côtés il y avait une balustrade
qui faisait un corridor de chaque côté.
(3) LE LACONICUM. Les anciens appelaient ainsi les
Etuces sèches, parce que les Lacédémoniens en ont été
les inventeurs, et qu'ils s'en servaient ordinairement.
Mercurial reprend ceux qui confondaient le Laconicum,
qui était le lieu où l'on suait, avec l'Hypocaustum, qui
était le fourneau qui échauffait le Laconicum.