LIVRE V.
237
La musique moderne a abandonné tous ces noms; elle y a suppléé d'abord par les premières
lettres de l'alphabet, et ensuite par les notes dont nous nous servons aujourd'hui; ainsi on
appelle le premier son A,mi-la, ou simplement LA; le second B, fa-si ou Si; le troisième C
sol-ut, ou Ur; le quatrième D, la-re, ou RE; le cinquième E, si-mi, ou Mi; le sixième F,
ut-fa, ou FA; le septième G, re-sol, ou SoL. Ensuite on recommence d'autres octaves en haut ou
en bas avec les mêmes notes.
ius
La position des sons ou des notes variant continuellement du grave à l'aigu et de l'aigu au
grave dans la musique ancienne comme dans la moderne, on entend par intervalle la diffé¬
rence d’un son à un autre entre le grave et l'aigu, c’est-à-dire tout l'intervalle que l'un des
deux aurait à parcourir pour arriver à l'unisson de l'autre.
Souvent la distance d'un son à un autre n'est pas d'un ton entier, mais d'un demi-ton ou
d'un quart de ton; pour indiquer cela, on se sert de ce signe X, qui signifie un Dièze propre¬
ment dit, qui équivaut à un intervalle d'un quart de ton ; ensuite de cet autre signe X, qui in¬
dique le demi-ton que nous appelons très-improprement le dièze. Dans la table, à la fin de ces
remarques, les lettres a, b, c, d, etc., placées à côté de chaque nom ancien font con¬
naître les notes modernes qui correspondent aux anciens termes grecs; et la colonne des lettres
majuscules avec celle des noms des notes modernes font connaître les notes que ces lettres
indiquent. Cette table forme le recueil complet de tous les sons que les anciens employaient
dans les trois différents genres.
Les anciens divisaient l’échelle qui contenait tous les sons dont ils se servaient en plusieurs
TÉTRACORDES, composés chacun de quatre sons ou cordes, qui formaient l'accord de leur lyre ou
cythare. Chacune des cordes ne rendait qu'un son ; ainsi le terme de corde ou de son, en par¬
lant de la musique des anciens, signifie la même chose, parce qu’ils ne touchaient pas les
cordes pour leur donner des sons différents, ainsi que nous faisons. Chaque son avait sa corde,
comme il l'a encore aujourd'hui dans la harpe, le forté-piano etc.
Voici les noms de ces TéTRACORDEs : le plus grave de tous, et qui se trouvait placé un ton
au-dessus de la corde Proslambanoménos s'appelait еоааоовоE-HуPAIoN, ou des Principales; le
second en montant, lequel était toujours conjoint au premier, s'appelait le TÉrRACORDE-MEsoN
ou des Moyennes; le troisième, quand il était conjoint au second et séparé du quatrième
s'appelait TérRACORDE-SYNEMMENON ou des Conjointes; mais quand il était séparé du second et
conjoint au quatrième, alors il prenait le nom de DIEZEUGMENON ou des Divisées; enfin
le quatrième s'appelait TÉTRACORDE-HYPERBOLOEON ou des Excellentes. L'Arétin ajouta à ce
système un cinquième Tétracorde, que Meibonius prétend qu’il ne fit que rétablir. Quoi qu'il
en soit, les systèmes particuliers des Tétracordes firent enfin place à celui de l'octave qui les
fournit tous; celui-ci est composé de huit sons comme l'autre l’était seulement de quatre.
Les, anciens distinguaient, en outre, trois différents genres, qui sont le аroNIQUE, le
CHROMATIQUE et l'ENARMONIQUE, nommé simplement HARMONIQUE par Vitruve. Par genres, les an¬
ciens entendaient la division et la disposition du Tétracorde considéré dans les intervalles des
quatre sons qui le composent.
La bonne constitution de l'accord du Tétracorde, c'est-à-dire l'établissement d'un genre