VITRUVE,
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STABLES (1) dans les trois genres; les dix autres sont MOBiLes, et varient selon
les modulations ordinaires (2).
Les Sons STABLEs sont ceux qui, étant placés entre les MoBiLes joignent les
Tétracordes les uns aux autres, et qui ont toujours les mêmes places dans les
trois genres. On les appelle Proslambanomenos (3), Hypaté-Hypaton (4),
Hypaté-Meson, Mesé, Nété (5) Synemmenon , Paramesé, Nété-Diezeug¬
menon, Nété-Hyperbolæon.
Les MOBILES sont ceux qui, étant placés dans les Tétracordes entre les
Immobiles, changent de place selon les lieux et les genres différents; ils s'ap-
pellent Parhypaté-Hypaton, Lichanos-Hypaton (6), Parhypaté-Meson
Lichanos-Meson, Trité-Synemmenon, Paranété-Synemmenon, Diezeugme-
non, Paranété-Diezeugmenon, Trité-Hyperbolæon, Paranété-Hyperbolæon.
Ces sons mobiles ont des valeurs différentes, ils changent aussi de na¬
ture, parce que leurs intervalles peuvent être différents : ainsi le Parhypaté
qui, dans l'Enarmonique, est distant de l'Hypaté d'un dièze, se change dans
(1) Cette différence de sons divisés en Mobiles e
Stables ou Immobiles est ce qui fait la différence des
genres. Les sons immobiles sont ceux qui commencent
et qui finissent les Tétracordes et qui sont blancs dan¬
la Table, Pl. LXIV ; les mobiles, qui sont noirs,
sont les deux qui se rencontrent toujours au milieu de
chaque Tétracorde, et qui, selon qu'ils sont plus serrés
vers l'Hypaté, comme dans l'Enarmonique, ou qu'ils
en sont plus éloignés, comme dans le Diatonique
établissent la différence des genres.
(2) Le texte est ici fort obscur, parce qu'il dit le
contraire de ce qu'il doit dire ; car, pour conserver le
sens, il devrait y avoir particulariter, au lieu de com¬
muniter; parce que c'est le propre des sons immobiles
d'être communs dans les Tétracordes aux trois genres ;
et, au contraire, les mobiles sont différents et particuliers
à chaque genre, de sorte qu'il aurait fallu traduire lors¬
qu'ils sont employés en des genres différents ; mais le
peu de connaissance que je vois que nous avons de
tous ces mystères m'a empêché d'user ici de la liberté
que je prends, quand il s'agit de choses qui sont évi¬
demment fausses.
(3) Ce mot grec signifie une chose qui est prise pour
être ajoutée aux autres ; et en effet, cette corde n'en¬
tre point dans la composition d'aucun Tétracorde, n'é¬
tant mise que pour faire l'octave avec la Mesé, et la
double octave avec la Nété-Hyperbolœon.
(4) J'interpréte Hypaté la supérieure ; je dis la rai¬
son que j'ai eu de traduire ainsi ce mot dans la note
sur le premier Tétracorde.
(5) Ce mot vient de Neatos. Cette corde est ainsi ap¬
pelée, parce qu’elle est la dernière du dernier Tétra¬
corde. Le mot grec Nété signifie aussi ce qui est le plus
bas. Il est dit, dans la note sur le premier Tétracorde, en
quel sens cette corde peut être prise pour la plus basse
(6) J'ai traduit Lichanos par éloigné et entr'ouvert,
parce qu'en grec, lian, chainein, dont ce mot est fait,
signifie être beaucoup écarté et élargi. Aristide Quinti¬
lianus dit que cette corde est ainsi nommée, à cause
qu'elle doit être pincée par le premier doigt qui est
près du pouce que l'on nomme Lichanos. Mais il y a
plus d'apparence que le doigt et la corde sont appelés
tous deux Lichanos pour une même raison, qui est
que ce doigt peut s'éloigner davantage du pouce que les
autres doigts ne font l'un de l'autre, de même que le
ton de la corde Lichanos est plus éloigné de l'Hypaté,
selon que les différents genres le demandent. Car, dans
l'Enarmonique, il n'est distant que d'un demi-ton;
dans le Chromatique, il l'est d'un ton ; et dans le Dia¬
tonique, d'un Triemitonium ou tierce mineure