Full text: Vitruvius: Les dix livres d' architecture de Vitruve

VITRUVE, 
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CHAPITRE II. 
DES CINQ ESPÉCES DE BATIMENTS. 
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Ily a cinq espèces de bâtiments (1) qui sont le PYCNOSTILE, lorsque les co¬ 
lonnes sont fort près l'une de l'autre ; le SysTILE, quand elles sont un peu moins 
pressées ; le DIASTYLE, quand elles sont encore un peu plus espacées; l'AREOS¬ 
TILE, quand elles le sont un peu trop; et l'EUsTILE, quand elles sont espacées 
d’une manière convenable (voir Pl. XV et XVI). 
La proportion de la Disposition PYCNOSTILE (Fig. 1, Pl. XV) est quand 
l’entrecolonnement a la largeur d’un diamètre et demi de colonne, ainsi qu'il 
est pratiqué au Temple de Jules César, et à celui de Vénus qui est dans la place 
publique qu’il a fait bâtir, et en plusieurs autres édifices qui sont ordonnes de 
cette manière. 
L'arrangement SYSTILE (Fig. 2, Pl. XV) est quand la largeur de l'entre¬ 
colonnement est de deux fois le diamètre des colonnes, et que les plinthes (2) 
de leurs bases (3) sont égales à l'espace (4) qu’elles ont entre elles, comme il 
(1) Bien que le mot d'Ades, en latin, au pluriel, 
ne signifie point un temple si on n'y joint sacræ ou 
quelqu'autre adjectif, il y a néanmoins grande appa¬ 
rence que Vitruve entend parler des temples en ce cha¬ 
pitre ; mais comme ces différentes manières d’espacer 
les colonnes, dont seulement il s'agit ici, sont com¬ 
munes à toutes sortes de bâtiments, j'ai cru qu'il n'y 
avait rien qui obligeât d'interpréter Ædes par T'emples, 
comme Palladio l'a fait, plutôt que par maisons, et 
d'attribuer à une seule espèce de bâtiment des diffé¬ 
rences qui conviennent à tout le genre, les différences 
des temples étant prises de ce qui les fait Prostyles, 
Amphiprostyles, Périptères, etc. Pour exprimer la 
chose avec plus de netteté, je crois qu'il faudrait dire 
que les espèces dont il s'agit ici ne sont point des es¬ 
pèces ni de temples, ni de bâtimens, mais seulement 
des espèces de disposition de colonnes. 
(2) Le bas des bases des colonnes est fort semblable 
aux briques des anciens, qui étaient carrées et comme 
des carreaux dont on pave les âtres de cheminées; ces 
briques ou carreaux étaient appelées Plinthia par les 
Grecs, dont est venu le mot de Plinthe. La partie su¬ 
périeure du chapiteau toscan, qui est son tailloir, 
est aussi appelé Plinthe au chap. 3 du liv. 4, parce 
qu’elle est de la forme d’un carreau, n’ayant point la 
cymaise qui est aux chapiteaux Doriques et loniques. 
(3) Les Tores ou anneaux des bases, à cause de la 
ressemblance, sont appelés Spirœ, qui signifient les 
replis d'un serpent quand il est couché en rond, ou 
ceux d'un câble de navire qui est plié; à cause de ces 
parties, les bases entières sont appelées Spirœ. 
(4) Il s’ensuit de là que l'empatement des bases dé¬ 
borde toujours de la moitié du diamètre de la colonne, 
c'est-à-dire d’un quart de chaque côté; ce qui ne se 
trouve point avoir été pratiqué dans les restes que nous 
voyons de l'antiquité, où ce débordement de l'empate¬
	        
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