VITRUVE,
fort noueuse, et lorsqu'elle est coupée de la longueur de vingt pieds, et équarrie,
elle est appelée fusterna (1), à cause de la dureté de ses nœuds; pour ce qui
est de la partie inférieure de l'arbre, si elle est si grosse que les fibres différentes
fassent quatre séparations (2), on la décharge de son aubour, et ce qui reste
est d'un fort bon usage pour la menuiserie: cette partie du sapin est appelée
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1) anseemensl lo oidisl lomemob a
sapinea.
Au contraire, le Grand Chêne (3), dont les principes sont tout-à-fait terres¬
tres, avant peu d'eau, d'air et de feu, dure éternellement dans la terre, parce
que sa solidité fait qu'il ne reçoit point dans ses pores l'humidité qu'il fuit telle-
ment et dont il est si peu rempli qu'il se tourmente (4), se gerce et se fend lors¬
qu'il est mis en œuvre hors de terre; mais le Petit Chêne (5), qui est composé
d'éléments plus tempérés, est de fort bon usage dans les édifices; toutesois il ne
résiste pas à l'humidité, il la reçoit aisément par ses pores, et elle fait sortir ce
qu'il a d'air et de feu, ce qui est cause qu'il se corrompt en peu de tems.
qui ont beaucoup d'air avec peu d'hu-
Le Cerrus (6), le Liège et le Hêtre.
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jo poiob
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niqea ol 180
et fibreuses, qui demeurent fermes, pendant que les
(1) FUSTERNA. Ce mot est primitif selon la plus com¬
autres, qui étaient plus humides, se retirent lorsque
mune opinion ; néanmoins Baldus et Saumaise croient
leur humidité s'évapore, après que le bois est mis en
qu'il est dérivé de fustis, qui signifie un bâton noueux,
(2) Les troncs des gros sapins étant coupés de travers
œuvre.
1iolis
ont deux cercles de différentes fibres, lesquelles, lorsque
(5) L'espèce de chêne appelée Esculus est décrite
l'arbre est fendu par le milieu et selon le fil, font qua¬
bien différemment par les auteurs. Virgile le repré¬
fre séparations de différentes ondes : ce qui fait appeler
sente comme un très-grand arbre, dont les racines, qui
ces troncs ainsi coupés quadrifluoiatos par Pline.
sont aussi longues que les branches, descendent jus¬
(3) LE GRAND CHÉNE (Quercus). Les auteurs ne s'ac¬
qu'aux enfers. Ruel et Belon croient aussi que l'Esculus
cordent pas bien sur les différences des arbres qui son¬
est le Platyphyllos de Théophraste, qui est un chêne
comprises sous le nom de Quercus; car il y a l'Ilex, le
qui non seulement a les feuilles larges, comme son nom
Robur, l'Hemeris, le Platyphyllos, le Phegos, l'Escu-
qui est grec le porte, mais dont les branches sont aussi
lus, etc., qui sont pris souvent les uns pour les autres,
fort grandes. Dalecamp, au contraire, le fait un petit
Mais comme Vitruve ne parle ici que de deux, et qu'il
arbre tortu dont les feuilles sont étroites, suivant Pline,
oppose le Quercus à l'Esculus, qui est le petit chêne
qui dit aussi qu'il n'est pas fort haut. Cette opinion est
comme il sera montré ci-après, j'ai cru pouvoir appeler
la plus reçue par les botanistes, qui croient que l'Esculus
quercus le grand chêne, vu que l'auteur de l'Histoire des
est le Phegos de Théophraste, à qui les Latins ont donné
Plantes de Lyon, qui à été faite sur les Mémoires de
le nom d'Esculus, à cause que son gland est bon à man¬
Dalecamp, est de cet avis, quand il dit : Quercus in
ger, ce que le nom grec Phegos signifie aussi ; et le Phe¬
specie est arborum omnium maxime procera, qui est à
gos est décrit par Théopraste comme un petit chêne qui
dire que le Chêne, simplement et pris pour une espêce,
ne s'élève pas fort haut, mais qui s'étend seulement en
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lis guse ol ommoo leo oasolind
bimd
est un très-grand arbre.
rond.
(4) La raison pour laquelle le chêne est sujet à se
(6) Cet arbre est une espèce de Chêne appelée /Egilops
tourmenter et à se déjeter n'est pas parce qu'il est rem¬
par les Grecs. Dalecamp dit qu'il n'a point de nom
pli de peu d'humidité, car il y a des bois plus secs qui
français, parce qu'il ne croît point en France, et Pline
ne se tourmentent point; mais c'est parce qu'il est com¬
assure qu'il n'est pas même connu en la plus grande
posé de parties inégales, y en ayant de sêchés, dures
partie de l'Italie. Ruel croit que c'est le hêtre, à cause