LIVRE II.
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Les saisons tes plus favorables pour mouler les briques sont le printems et
l'automne, parce que, pendant ce teins, elles peuvent sécher également partout,
tandis qu'en été, te soleilconsumant d'abord l'humidité du dehors, fait croire
qu'elles sont entièrement sêches, et il n'achève néanmoins de les sécher tout-à-
fait qu'en les rétrécissant, ce qui fait fendre et rompre leur superficie et les gâte
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entièrement.
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1Le mieux sera donc de les garder deux ans entiers avant d'en faire usage, car
lorsque les briques sont employées nouvellement faites et avant d'être entière-
ment sèches, il arrive qu'en s'affaissant et en se resserrant, elles se séparent de
l'enduit que l'on met dessus, qui sèche promptement et prend de la consistance,
mais qui, n'étant plus attaché à ta muraille, n'est pas capable de se soutenir de
lui-même à cause de son peu d'épaisseur, et finit par se rompre; alors la mu-
raille s'affaissant çà et là inégalement, se gâte et se ruine aisément. C'est pour
cela qu'à Utique, te magistrat ne permet point qu'on emploie la brique qu'il
ne l'ait visitée et qu'il n'ait reconnu qu'il y a cinq ans qu'elle est moulée.
Il se fait de trois sortes de briques: la première est celle dont nous nous ser¬
vons, qui est appelée en grec Didoron: elle est longue d'un pied et large d'un
demi-pied (1); les deux autres, qui sont le Pentadoron et le Tétradoron, sont
employées par les Grécs. Le palme est appelé Doron par les Grecs, parce que
Doron, qui signifie un présent, se porte ordinairement dans la paume de la
main, et ainsi la brique qui a cinq palmes en carré (2) est appelé Pentadoron,
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largeur, parce que le demi-pied, qui était de huit doigts,
peut signifier autre chose ici ; car aggerare est propre¬
avait deux petits palmes qui n'étaient chacun que de
ment faire une masse avec de la terre en la foulant et
quatre doigts. Mais cette proportion que Pline donne
en la battant, et les cuirs se préparent et se corroient
aux briques est bien moins commode pour la construc¬
de la même façon, en les foulant et maniant après les
tion que n'est celle de Vitruve, qui est suivie et observée
avoir mouillés; en sorte que Vitruve entend que la terre
dans tous les bâtiments, tant anciens que modernes, qui
doucé et grasse se manie, se lie et se réduit aisément
se voient dans l'Europe, ainsi que Scamozzi l'a remar¬
en pâte et en masse à cause de l'égalité et de la ténuité
qué. C'est pourquoi Barbaro estime qu'il faut corriger
133.
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p ienis.
de ses parties.
le texte de Pline sur celui de Vitruve, ce qui n'est pas
(1) Pline ne donne point cette mesure au Didoron
le sentiment de Philander.
mais il le fait large d'un pied et long d'un pied et demi,
(2) Ces briques carrées des Grecs sont cause que
ce qui ne convient point au nom de Didoron qui signifie
J. Martin a interprété carreaux les briques dont Vi¬
deux palmes, si ce n'est que Pline entende parler du
truve parle en général; mais il me semble qu'il n'a pas
grand palme qui en valait trois petits, ayant douze
eu raison de traduire lœteres, qui est un mot latin, par
doigts, qui, avec les quatre du petit, faisaient le pied
un mot français qui désigne une autre figure que celle
entier de seize doigts, en sorte que deux grands palmes,
qu'avaient les lœteres des Latins, qui étaient plus larges
qui faisaient vingt-quatre doigts, valaient le pied et
que longs, et le mot de carreau ne peut être bon que
demi ; et ainsi, suivant cette manière, Pline aurait en¬
pour expliquer le mot plinthos, qui signifié en grêc leur
tendu que le Didoron, ou double palme, signifié la lon¬
brique qui était carrée et dont il y avait de deux sortes:
gueur de la brique, au lieu que Vitruve l'entend de la