VITRUVE,
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Ils commencèrent d'abord par planter des fourches et y entrelacer des bran¬
ece
ches d'arbres qu'ils remplissaient ensuite et enduisaient de terre grasse pour
faire les murailles; ils en bâtirent aussi avec des morceaux de terre grasse des¬
séchée, sur lesquelles ils posaient des pièces de bois en travers, en couvrant le
tout de cannes et de feuilles d'arbres pour se défendre du soleil et de la pluie;
mais comme cette espèce de couverture ne suffisait pas pour sé garantir des mau¬
vais tems de l'hiver, ils élevèrent des combles inclinés, bien enduits de terre
grasse, afin de faire écouler les eaux.
Ce qui nous prouve que les premières constructions ont été faites de cette ma¬
nière, c'est que nous voyons encore aujourd'hui les nations étrangères qui em¬
ploient les mêmes matériaux pour faire leurs constructions, comme dans la Gaule,
en Espagne, en Portugal et en Aquitaine, où les maisons sont couvertes de
chaume ou de bardeaux faits de chêne et taillés en manière de tuiles. Au royaume
de Pont (1), dans la Colchide, où tes forêts fournissent le bois en grande abon-
dance, voici la manière dont on s'y prend pour bâtir: Après avoir couché par
terre, à droite et à gauche, des arbres dans toute leur longueur (2), en laissant
autant d'espace entre eux qu'il est nécessaire pour placer d'autres arbres en tra-
vers, on assemble ceux-ci avec les premiers, par les extrémités, de manière
qu'ils enferment tout l'espace destiné pour l'habitation; ensuite, en posant des
quatre côtés d'autres arbres qui portent les uns sur les autres au droit des an-
gles (3) et en les mettant à plomb de ceux d'en bas, on élève ainsi les murailles
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() La description de cette construction de cabanes
étendue continuée au loin ou long-tems d'une même
est assez difficile à entendre, tant à cause de l'obscurité
manière, en sorte qu'ici des arbres perpétuels sont des
des termes qu'à cause des fautes qui sont dans le texte.
arbres qui continuent et s'étendent par un long espace
Pour ce qui est des termes, les auteurs interprêtent di¬
Vitruve appelle ainsi perpetuam basilicam, au premier
versement les mots d'arboribus pérpetuis, de planis, de
chapitre du livre 5, l'endroit de la basilique qui est tout
in terré positis, de jugumentatis. Les uns entendent par
droit et étendu en longucur ; et au chapitre 8 de ce li¬
perpetuis, durables, les autres, entiers et non équarris.
vre, il appelle perpetuam lapidem crassitudinem, les pier¬
les autres, rangés. Les uns, par planis, entendent cou¬
res qui vont d'un parement du mur à l'autre avec une
ches, les autres aplanis ; in terra positis signifie ; selon
même grosseur. César dit aussi trabes perpetuas, dans la
les uns, fichés, selon les autres, couchés en terre; et ju¬
description qu'il fait des murs des villes des Gaulois,
gumnentare, qui est faire qu'une chose pose en travers sur
pour signifier des poutres qui vont d'un parement
deux autres, de même qu'un joug est sur deux bœeufs
l'autre.
n'est pas entendu, par tous les interprêtes, d'une même
(3) Je traduis ainsi jugumentare angulos, car jugu¬
manière.
mentare est mis pour jugare, qui signifié mettre une
La faute que je soupconne dans le texte consiste en
perche en travers qui pose des deux bouts sur deux
la transposition da point que tous les exemplairés ou
pieux, ainsi que les anciens en mettaient à leurs vignes.
près collocantur, qui, étant mis devant, rendra ce qui
Ils appelaient aussi jugumenta les linteaux des portes et
manque à la construction du discours.
des fenêtres, par la même raison.
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(2) Le mot de perpetuis signifie une chose qui'a une
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