CHAPITRE I.
quod aiunt solem, cum longius absit
duit parce que, disent-ils, le soleil,
abstantia quadam, non lucidis itineri¬
dès qu’il est éloigné au delà d’un cer¬
bus, errantia per easm sidera obscu¬
tain intervalle, les chemins n'étant
rationis morationibus inpediri.
plus éclairés, les planètes qui errent
dans cet intervalle sont entravées par
les obstacles de l’obscurité.
28 Nobis vero non videtur :
Pour nous, il ne parait point en être
ainsi.
Solis enim splendor, perspicibilis
En effet, la splendeur du soleil est
et patens sine ullis obscurationibus est
perceptible et ouverte sans nulles ténè¬
per omnem mundum : ut etiam nobis
bres dans l'univers entier : à ce point
appareant cum facijulnt, hae stellae,
que, même pour nous, ces planètes
régressus et morationes.
sont visibles lorsqu'elles font leurs
rebroussements et arrêts.
Ergo si, tantis intervallis, nostra
Donc si, à de telles distances, notre
species potest id animadvertere : quid
vue peut faire cette constatation, com¬
ita, divinitatibus splendoribusque astro¬
ment, pour les divinités et les splen¬
rum, judicamus obscuritatsels obici
deurs des astres, peut-on ainsi arguer
de ténèbres?
posse?
Ergo potius ea ratio, nobis, consta¬
Donc, pour nous, la raison consis¬
bit quod :
tera plutôt en ceci :
29 Fervor, quemadmodum omnes res
De même que l’ardeur attire toutes
evocat et ad se ducit, ut etiam fructus
choses et les amène à elle; de mênie
e terra surgentes in altitudinem per
que nous voyons, du fait de la chaleur,
calorem videmus, non minus aquae
les fruits surgir en sortant de la terre,
vapores a fontibus ad nubes per arcus
et de plus les vapeurs de l’eau s’élever
vers les nues par les arcs(-en-ciel) :
excitari :
De la même manière, l’effort véhé¬
Eadem ratione, solis impetus vehe¬
ment du soleil, par des rayons dardés
mens, frjadiis trigoni forma porrectis,
dans le champ d'un triangle à côtés
insequentes stellas ad se perducit;
égaux, attire à lui les astres qui mar¬
et, antfe currentes', veluti refre¬
chent à sa suite ; et, refrénant et rete¬
nando retinendoque, non patitur pro¬
nant (ces astres) qui couraient de
gredi : sed ad se regredi, nec 2 in
l'avant, il ne leur permet pas de pour¬
alterius trigoni signso esse.
suivre leur marche, mais (les force) à
rétrograder vers lui et à ne pas être
dans un signe d’un trigone autre (que
le sien).
1. Ed. Schneid. Sans corr. : « perducit tantae currentes ».
2. Sans corr. : « regredi in alterius trigoni signum esse ».
VITRUVE. — III.