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VITRUVE. LIV. IX.
victimes. Or, ce procédé si utile dans beaucoup d'appli-
cations, surtout quand il s'agit de mesurer, est aussi d'un
immense avantage dans les édifices pour la construction
des escaliers, afin d'en bien proportionner les degrés.
Si, en effet, la hauteur comprise entre le premier
étage et le rez-de-chaussée est divisée en trois parties, il
suffit de donner cinq de ces parties au limon de l'échif-
fre, pour que la pente ait une grandeur convenable: car
si le potelet qui se trouve entre le premier étage et le
rez-de-chaussée comprend une hauteur divisée en trois
parties, le patin qui s en éloignera horizontalement devra
en avoir quatre à l'endroit où viendra s'emboîter le pied
de l'échiffre; par ce moyen, les degrés et l'ensemble de
l'escalier seront bien proportionnés. On en peut juger
par la figure tracée ci-dessous.
Archimède a fait une foule de découvertes aussi ad¬
mirables que variées. Parmi elles, il en est une surtout
dont je vais parler, qui porte le cachet d'une grande in-
telligence. Hiéron régnait à Syracuse. Après une heureuse
expédition, il voua une couronne d'or aux dieux immor.
tels, et voulut qu'elle fût placée dans un certain temple.
Il convint du prix de la main d'œuvre avec un artiste,
auquel il donna au poids la quantité d'or nécessaire. Au
jour fixé, la couronne fut livrée au roi, qui en approuva
le travail. On lui trouva le poids de l'or qui avait été
donné.
Plus tard, on eut quelque indice que l'ouvrier avait
soustrait une partie de l'or, et l'avait remplacée par le
même poids en argent mêlé dans la couronne. Hiéron,
indigné d'avoir été trompé, et ne pouvant trouver le
moyen de convaincre l'ouvrier du vol qu'il avait fait,
pria Archimède de penser à cette affaire. Un jour que,
tout occupé de cette pensée, Archimède était entré dans
une salle de bains, il s'aperçut par hasard qu'à mesure
que son corps s'enfonçait dans la baignoire, l'eau passait