VITRUVE. LIV. VIII.
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ou un bassin, peu importe; après l'avoir intérieurement
frotté d'huile et renversé, on couvrira l'ouverture de la
fosse avec des roseaux ou des feuillages qu'on chargera
de terre; puis on l'ouvrira le lendemain, et s'il se trouve
des gouttes d'eau attachées aux parois du vase, c'est
que cet endroit contient de l'eau.
On peut encore placer un vase de terre non cuite dans
cette fosse recouverte de la même manière; s'il y a de
l'eau dans cet endroit, lorsqu'on ouvrira la fosse, le
vase sera humide, et même se dissoudra par l'humidité.
Si l'on dépose dans la fosse une toison, et que le lendemain
on en exprime de l'eau, c'est que ce lieu en renferme beau-
coup. Voulez-vous y mettre une lampe bien remplie
d'huile et tout allumée, et boucher hermétiquement la
fosse? si, le jour suivant, on ne la trouve plus enflammée,
s'il y reste de l'huile et de la mèche, si on la trouve hu¬
mide, c'est une preuve que ce lieu contient de l'eau, parce
qu'une chaleur modérée attire l'humidité. Si l'on allume
aussi du feu dans cet endroit, et que de la terre échauffée
et desséchée s'élève une vapeur épaisse, c'est qu'il y aura
de l'eau.
Après toutes ces épreuves, après avoir rencontré les
signes indiqués ci-dessus, on creusera un puits, et si
l'on trouve une source, il faudra pratiquer plusieurs
autres puits tout autour, et faire que par des conduits
ils aboutissent tous au même point. C'est surtout dans
les montagnes et dans les lieux qui regardent le septen-
trion, qu'il faut chercher l'eau, parce qu'elle s'y trouve
plus douce, plus saine et plus abondante. Ces lieux ne
sont point exposés à la chaleur du soleil, dont ils sont
garantis par les arbres touffus des forêts; les montagnes
elles-mêmes ont leurs ombres qui empêchent les rayons
du soleil d'arriver directement jusqu'à la terre, et qui
les rendent incapables d'en pomper l'humidité.