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VITRUVE. LIV. I.
qu'après avoir observé le cours du soleil, la projection
des ombres de l'aiguille du cadran équinoxial et l'incli¬
naison du pôle, Eratosthène le Cyrénéen a trouvé, avec
le secours des mathématiques et de la géométrie, que
la circonférence de la terre est de deux cent cinquante¬
deux mille stades, qui font trente et un millions cind
cent mille pas, et que la huitième partie de cette circon¬
férence, occupée par chacun des vents, est de trois mil-
lions neuf cent trente-sept mille cinq cents pas, on ne
devra plus être surpris, si, dans un si grand espace, un
vent, en soufflant de côté et d’autre, en se rapprochant
et en s’éloignant, semble en faire un plus grand nombre
par ces divers changements.
C'est pourquoi à droite et à gauche de l'auster souf¬
flent ordinairement le leuconotus et l’altanus ; aux côtés
de l'africus, le libonotus et le subvesperus; aux côtés du
favonius, l'argeste, et les étésiens, à certaines époques;
aux côtés du caurus, le circius et le corus; aux côtés du
septentrion, le trascias et le gallicus; à droite et à gauche
de l'aquilon, le supernas et le boréas; aux côtés du
solanus, le carbas et en certains temps les ornithies;
et enfin aux côtés de l'eurus, qui est le dernier de la
série, et qui occupe un des milieux, se trouvent l'euro¬
circias et le vulturnus. Il existe encore plusieurs autres
vents qui doivent leurs noms à certains lieux, à certains
fleuves, à certaines montagnes d'où ils viennent.
Ajoutons ceux qui soufflent le matin. Le soleil, en
quittant l'autre hémisphère, frappe, dans son mouve¬
ment de rotation, l'humidité de l'air, et produit, dans
son ascension rapide, ces brises qui déjà s'agitent avant
son lever, et qui se font encore sentir lorsqu’il paraît sur
l'horizon. Ces vents partent de la région de l'eurus, que
les Grecs ne semblent avoir appélé spo que parce
qu'il est produit par les vapeurs du matin. C'est, dit-on,
pour la même raison qu'ils appellent a le jour du