VITRUVE. LIV. I.
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que la nature a fait entrer dans la composition des
corps, venant à augmenter ou à diminuer, affaiblissent
les autres principes : la terre, par une nourriture trop
solide; l'air, quand il est trop épais.
Mais, pour mieux saisir ces vérités, il n'y a qu'à ob¬
server avec attention la nature des oiseaux, des poissons
et des animaux terrestres; il sera aisé de voir la diffé¬
rence des tempéraments. La proportion des principes
vitaux est tout autre dans les poissons que dans les oi¬
seaux; dans les animaux terrestres, elle est encore bien
différente. Les oiseaux ont peu de terre, peu d'eau et
beaucoup d’air joint à une chaleur tempérée. Composés
des principes les plus légers, ils s'élèvent plus facilement
dans les airs. Les poissons vivent aisément dans l’eau,
parce qu’il entre dans leur nature une chaleur tempérée.
beaucoup d’air et de terre, et très-peu d’humidité;
moins ils contiennent de principes aqueux, plus il leur
est facile de vivre dans l'eau : aussi lorsqu'on vient à les
tirer à terre, meurent-ils par la privation de cet élé¬
ment. Les animaux terrestres, au contraire, chez lesquels
l'air et le feu se trouvent dans une proportion modé¬
rée, et qui ont peu de terre et beaucoup d'humidité, ne
peuvent vivre longtemps dans l’eau, à cause de l’abon¬
dance des parties humides.
Or, s'il en est ainsi ; si, comme je viens de l'exposer,
le corps des animaux est composé de ces divers élé¬
ments; s'il est vrai qu'en surabondant ou en faisant dé¬
faut, ils jettent dans l'organisation animale le trouble et
la mort, point de doute qu’il ne faille choisir avec le plus
grand soin les lieux les plus tempérés pour y construire
des villes qui renferment toutes les conditions de sa¬
lubrité.
Aussi je suis fortement d'avis qu'il faut en revenir
aux moyens qu’employaient nos ancêtres. Anciennement
on mettait à mort les animaux qui paissaient dans les