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VITRUVE. LIV. V.
et lucides, ces termes, vu la multitude embarrassante de
mots qui les accompagne, ne produiront que confusion
dans l'esprit du lecteur. Aussi, pour que la mémoire puisse
conserver ces termes peu connus que j'emploie pour ex¬
pliquer les proportions des édifices, je serai court : ce sera
en effet le moyen de les faire entrer plus facilement dans
l'esprit.
D'un autre côté, les affaires tant publiques que parti-
culières dont je vois tous les citoyens accablés, ne me
déterminent pas moins à abréger mon ouvrage, afin que
ceux à qui leurs instants de loisir permettront de le lire,
puissent promptement en saisir l’ensemble. C'est pour la
même raison que Pythagore et ses sectateurs se sont servis
des nombres cubiques pour écrire leurs préceptes dans
leurs livres. Ils ont formé un cube de deux cent seize vers,
sans toutefois vouloir en mettre plus de trois pour cha¬
que sentence.
Or, le cube est un corps composé de six faces carrées
et égales. Quand il a été jeté, il reste immobile, pourvu
qu’on ny touche plus, sur le côté sur lequel il s'est ar¬
rêté ; c'est ce qui arrive pour les dés que les joueurs jet¬
tent sur la table de jeu. Le rapport qu’ils ont vu entre
le nombre de vers et le cube, le leur a fait adopter; ils
ont pensé qu'il resterait gravé dans la mémoire avec cette
stabilité que prend le cube, lorsqu’il reste immobile sur
une de ses faces. Les poêtes comiques grecs, en intro¬
duisant des chœurs dans leurs pièces, les ont divisés en
plusieurs parties : les entr'actes, produisant l’effet de la
figure cubique, permettaient aux acteurs de se reposer
après de longs récits.
Puisque cette méthode de nos ancêtres est basée sur
un ordre naturel, comme je vois que je vais avoir à tral¬
ter un sujet inconnu et obscur pour le plus grand nom¬
bre, J'ai jugé que, pour me mettre plus à la portée du
lecteur, je devais abréger mes écrits; ils arriveront ains