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VITRUVE. LIV. III.
jusqu'à la partie solide du terrain, s'il est possible d'y
arriver, et, dans ce terrain solide, jusqu'à une profon¬
deur proportionnée à l'importance de l'édifice. Il faut
qu'ils soient maçonnés avec la plus grande solidité sur
le plan de la tranchée. Elevés hors de terre, ils devront
avoir une largeur de moitié plus grande que celles des
colonnes qu'ils supportent, afin que la partie inférieure
soit plus forte que celle qui sera posée dessus; on l'ap¬
pelle stéréobate, à cause de la charge qu’elle reçoit. La
saillie des bases ne doit point excéder la largeur de ces
murs. Que si la partie qui est hors de terre devait être
une muraille, il faudrait en régler l'épaisseur d'après la
même proportion; mais pour que les intervalles soient
parfaitement solides, il faut y faire des arcs de voûte ou
les affermir à l'aide des instruments avec lesquels on en¬
fonce les pilotis.
Mais si le terrain ne se trouve pas solide, si dans cet
endroit il n'y a que des terres rapportées ou maréca¬
geuses, alors il faut les creuser et les sonder, y ficher
des pilotis en bois d’aune, d'olivier ou de chêne durcis
au feu, les enfoncer avec des machines le plus près pos-
sible les uns des autres, en remplir les intervalles avec du
charbon, et combler ensuite la tranchée par une maçon¬
nerie très-solide. Une fois les fondements achevés, il
faut placer de niveau les stylobates.
Au-dessus des stylobates doivent s’élever les colonnes
d'après les proportions indiquées plus haut, et, soit
qu’on fasse le pycnostyle, ou le systyle, ou le diastyle, ou
l’eustyle, on aura recours aux règles établies dans le
chapitre précédent. Quant à l'aréostyle, liberté pleine
et entière de le construire comme on voudra; mais dans
les périptères il faut que les colonnes soient disposées de
telle sorte que les entre-colonnements de la façade soient
deux fois aussi nombreux dans les côtés; ce qui don-
nera à l’édifice une longueur double de sa largeur. Et