LIVRE VIII CAEII
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briques des murs, qu'elle fit construire autour de cette ville (1). A Joppé dans la
Syrie (2), de même que dans, la partie de l'Arabie qui est près de l'Afrique, il y à
de très-grands lacs qui produisent de grosses masses de bitume que les habitans
d'alentour,ont soin de recueilli. Il n'y a rien d'étonnant, puisque dans les envi¬
rons il se trouve beaucoup de carrières dont on tire des masses de bitume solide;
leau arrache de ces masses en passant, et les entrainent dans le lac. Dans la
Cappadoce, près du chemin qui est entre Mazaca et Tuara,jon remarque, un très-
grand lac; quand on y met fremper une canne ou autre chose semblable, le len
demain, lorsqu'on l'en tire, on trouve la partie qui étoit piongée dans l'eau
entièrement pétrifiée, et la partie restée dehors, dans son état naturel.
I en est de même d'une fontaine d'ésu, chalde tres abondante, auprès de lisé
rapolis en Phrygie; elle coule dans des fossés qui entourent des jardins et des
vignes; sur les côtés de ces fossés, elle produit une croute de pierre qu'on enlève
tous les ans; on s'en sert pour former des murs de cloison entre les héritages.
il paroit, que cela arrive naturellement à toutes, les eaux qui sortent des endroits où
la terre contient des substances propres à se durcir et à se coaguler (3) ; les molé¬
cules de ces substances se mélent avec l'eau de la fontaine qui les entraîne hors de
terre; la chaleur du soleil et l'air les épaississent et forment ces concrétions, comme
nous voyons se former le sel dans les salines.
Il y a aussi des fontaines que le suc de la terre dont elles sortent rend très-
amères : tel est le fleuve Hypanis dans le royaume de Pont; depuis sa source, i
coule l'espace d'environ quarante mille, et conserve la plus grande douceur; par
venu à la distance de cent soixante mille de son embouchure dans la mer, il reçoit
Teau d'une petite fontaine qui rend toutes ses eaux amères, quoiqu'il soit un très¬
grand fleuve. Cela vient de ce que l'éau de cette source passe sur les terres et dans
les mines, d'où l'on tire la sandaraque, qui communique son amertume à l'eau ().
(1) Dansle Liv. L.er Chap. 5., Vitruve parle de ce bitume.
(4) Dans le Chap. 7 du Liv. VII, nqus avons déjà vu
(2) J'ai rapporté , page 41 de cet ouvrage, ce que
que la meilleure sandaraque se tiroit dans le royaume de
Tacite dit des lacs Asphaltiques de la Syrie, à la fin
Pont près du fleuve Hypanis. Nous avons également
du V.e Liv. de son histoire. Voyez encore ce qu'en dit
observé alors que la sandaraque des anciens n'étoit autre
M. de Château-Briant, dans son itinéraire de Paris à
chose que ce que nous nommons aujourd'hui minium.
Jérusalem.
Dans la commune de Vedrin, près de Namur, il se trouve
(3) Toutes les fontaines qui coulent dans le Tuf ont
un ruisseau et plusieurs fontaines , qui passent dans les
cette qualité pétrifiante. On remarque cela sur -tout à
veines de mine de plomb, où se trouve toujours du mi¬
Tivoli près de Rome, où les eaux pétrifient tout ce qui
nium, qui est un plomb décomposé, comme nous
y tombe: Il en est de même de plusieurs fontaines de la
avons vu dans nos remarques sur le Chap. 11. du Liv. VI.
France, de la Belgique et de l'Angleterre qui coulent
L'éau de ces ruisseaux est amère, et presque rouge.
dans le Tuf, comme les eaux de Tivoli.