L'ARCHITECTURE DE VITRUVE.
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REMARQUES.
Nous avons déjà parlé du laconicum , dans nos remarques sur le 10.' Chap. du V.e Liv. Les
anciens se servoient de cette machine, pour faire le noir de fumée. Il paroît qu'elle ressembloit
assez à nos étuves sans être, toutefois, la même chose ; elle étoit maçonnée, et faite en forme d'une
petite tour ronde , voûtée en cul de four. Nous avons vu que dans les bains, elle servoit au
même usage que dans nos étuves. Voilà pourquoi je n'ai pas fait de difficulté de rendre ici ce
mot par celui d'étuve.
Les anciens employoient beaucoup, à ce qu'il paroit, le noir de fumée; c'étoit la base de leui
encre pour éciire; mais ils ne pouvoient s'en servir que pour peindre à sec, en le mêlant avec
la colle : car il seroit impossible de s'en servir dans la peinture à fresque ; pour celle-ci, il faut
absolument des noirs faits avec du charbon.
Nous voyons que les anciens connoissoient aussi la gomme et la colle, et qu'ils les employoient
comme nous dans leurs peintures à sec.
La gomme est un suc végétal concret, qui suinte naturellement par les gerçures de l'écorce
de certains arbres.
La colle se fait avec les nerfs, les cartilages, les rognures de peau etc. , qu'on fait macérer,
bouillir et dissoudre dans l'eau sur le feu , jusqu'à ce que tout devienne liquide : après quoi on
passe la matière avec un gros linge ou tamis; quand ce suc est assez épaissi, on le verse sur des
pierres plates, ou daps des moules, pour le couper par morceaux. Ensuite on met ces morceaux
sur des réseaux de corde, pour les faire sécher.
Quoique Vitruve ne parle pas du noir naturel, les anciens en connaissoient cependant un
comme Pline nous l'apprend. « On met, dit-il, le noir au nombre des couleurs artificielles. On
» en tire cependant de deux espèces de terre. » (1)
(1) Airamentum quoque inier factitios erit quamquam eit et lerre gemine originis. Pline, Liv. XXXV, Chap. 25.
CHAPITRE XI.