Full text: Vitruvius: L' architecture de Vitruve

LIVREII, CHAP. IX. 
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Quoiqu'on en distingue deux sortes, le naturel et l'artificiel, le premier n'est pas moins composé 
que l'autre, puisque l'un est minéralisé avec le souffre par la nature, et l'autre l'est par l'art. 
Les anciens qui peignoient presque tous les murs intérieurs de leurs édifices, et dont certaines 
parties , telles que les galeries, les portiques, les vestibules, les exèdres, se trouvoient ouvertes 
des côtés où les colonnes seules soutenoient la couverture, avoient éprouvé combien celte couleur 
étoit sujette à changer dans ces sortes d'endroits, sur-tout lorsqu'elle étoit exposée aux ravons du 
soleil. 
On sera peut-être surpris de voir que Vitruve mette les exèdres au nombre des salles dont lin¬ 
térieur étoit exposé aux rayons du soleil; tandis que dans le livre VI, chapitre 4, il en parle comme 
étant des salles couvertes et entourées de murailles. 
La conséquence qu'on doit tirer de là, c'est que toutes les exèdres ne se ressembloient pas ; que 
les unes étoient ouvertes, et les autres entourées de murailles ; ou, ce qui est beaucoup plus pro¬ 
bable , qu'elles étoient ouvertes seulement d'un côté , qui étoit occupé par plusieurs fenêtres, ou 
soutenues par des colonnes, comme paroissoit être la partie des thermes de Dioclétien, qu'on nomme 
encore aujourd'hui les exèdres : dans l’un ou l’autre de ces cas, une partie des peintures sur les 
murailles, étoit exposée aux rayons du soleil, ce qui ternissoit la couleur. 
Pour obvier à cet inconvénient , Vitruve nous donne la recette du vernis qu'emplovoient les 
anciens, avec la manière de l'appliquer. Ce vernis, dit-il, étoit composé de cire punique, fondué 
dans un peu d'huile. La cire punique n'est autre chose que la cire blanche, dont la meilleure venoit 
probablement de Carthage. Pline, dans le XXXIII.me Liv. Chap. 40 , rapporte tout ce que dit ici 
Vitruve à cet égard ; mais il donne plus de détail : « Il faut faire attention, dit-il, que les ravons 
» du soleil et de la lune affoiblissent fort le lustre du einabre. Pour obvier à cela, il faut;, dés 
» que la peinture sera sèche, la vernisser de cire blanche, fondue avec de l'huile, et enduire de 
» ce vernis , avec un pinceau , le dessus de la peinture. Il faut en outre la chauffer, avec du 
» charbon de noix de galle, jusqu'à faire suer la muraille. Céla fait, il convient encore de la bien 
» frotter avec une bougie , et l'essuyer après, avec du linge bien net, pour la rendre luisante comme 
» du marbre. Postea candelis subigatur ac deinde linteis puris sicut et marmora nitescant » 
Ces expressions sont plus claires que celles de Vitruve, qui dit : postea cum candela linteisdut 
puris subigat. Il confond par là, l'opération faite avec la bougie, et celle qu'on faisoit avec le linge. 
Le cinabre est la huitième couleur naturelle dont parle Vitruve. Il dit un mot du cinabre faciice, 
et parle ensuite de la chrysocolle , qui est la neuvième couleur qu'il nomme. 
Le nom de cette dernière couleur est composé des mots grecs , or, et de chia, colle; parce 
qu'on l'emploie à souder l'or et les autres métaux. Nous l'appelons vulgairement le borax ou bausas 
ou soude boratée, ou Lorate de soude. Les Arabés la nomment tincar et tincal. Cette couleu 
minérale se trouve quelquefois dans les mines d'or ; alors elle est jaunâtre ; on la trouve aussi dans 
les mines d'argent, celle-là est beaucoup plus blanche ; celle qu'on tire des mines de cuivre , est 
verdâtre, et celle qu’on tire des mines de plomb est presque noire. « La chrysocolle, dit Pline, est 
» une humeur limoneuse qui s'écoule naturellement des veines des mines d'or ; voyez le moyen
	        
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