UTLIVREICAARTHOIA
comme on le voit dans la première épitre du 2. livre d'Horace, où il s'adresse à Auguste, et qui
commence à-peu-prés, comme Vitruve commence son ouvrage ;
Prosenti tibi maturos largimur honores l
Jurandasque tuum per numen ponimus aras
a.
Nil oriturum alias, nil ortum tale fatentes.
Cest-à-dire, « Vous jouissez des honneurs divins, même pendant votre vie : nous vous dressons
à des autels : nous y jurons par votre nom : hous avouons qu'il n'a point encore paru, et qu'i
» ne paroîtra jamais rien de si accompli que vous, »
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Marlial, et d'autres auteurs, parlent des honneurs divins rendus aux empereurs pendant leur vie. (2)
Le plus fort de tous les raisonnemens pour prouver que Vitruve étoit contemporain d'Auguste,
d'est que, dans le deuxième chapitre du troisième livre de cet ouvrage, il dit que le temple de la
Fortunc équestre étoit près du théâtre de pierre. Cette manière de parler ne convenoit qu'au temps
d'Auguste, où il n’existoit qu’un seul théâtre de pierre à Rome, qui étoit celui de Pompée, comme
Pline nous l'apprend, en nous disant que le théâtre de Pompée est le premier qui fut bâti en pierre.
Ce qui n'étoit plus vrai dés le temps de Vespasien , où il existoit à Rome plusieurs théâtres de
pierre. D'après tout cela, je suis persuadé que Vitruve étoit contemporain d'Auguste, et que c'est
à cet empereur qu'il dédie son ouvrage.
CHAPITRE PREMIER.
De lArchitecture en général et des qualités dun Architecle.
otbiodezieh
LA science de l'architecture en renferme plusieurs autres; presque toutes contri¬
buent à l'embellir, de sorte qu'on peut dire qu'elle est le juge de toutes les produc¬
tions des autres arts. On l'acquiert par la pratique et par la théorie. La pratique est une
longue habitude de donner, aux différens matériaux qu'on employe, la forme qu'ils doi-
vent avoir d'après les dessins qu'on a faits. La théorje démontre et explique pour
quelles raisons on doit donner, aux choses bien construites, telle ou telle proportion.
Malgré un travail assidu et les plus grands efforts , les architectes qui négligent la
théorie de leur art et se livrent à la seule pratique, n'acquièrent aucune réputation.
Ceux au contraire qui abandonnent la pratique et ne recherchent que la théorie,
atteignent l'ombre de la science et jamais la réalité. Ceux-là seuls, qui joignent la
théorie à la pratique, réussissent dans leur entreprise. Semblables au guerrier armé de
(2) Suet. vie de Jules-César. Mart Liv. V. Ep. 8.
(1) Hor. epist. 1. Liv. IIe, Ep. 1. v. 15.
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