Full text: Vitruvius: L' architecture de Vitruve

L'ARCHITECTURE DE VITRUVE. 
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neur des dieux. La plupart représentoient des actions qu'on attribuoient aux dieux et aux héros 
Le but de ces pièces étoit d'inculquer dans l'esprit des spectateurs les maximes et les principes de 
leur religion. C'est pour cela qu'Aristote dit, que la tragédie n'a été inventée que pour l'instruction 
des hommes ; il falloit donc qu'elle répondît à ce dessein. L'ancienne tragédie atteignoit parfaitement 
le but de son institution par le moyen des chœurs, comme on le voit dans les pièces de Sophocle 
et d'Euripide. Ces poëtes se conforment toujours à l'esprit de la religion qui régnoit dans leu 
pays ; et quand ils font avancer , à leurs acteurs , des choses contraires à cet esprit , comme cela 
arrive souvent, et comme il le faut même , le chœur ne manque jamais de les corriger par des 
réflexions pleines de sagesse et de piété ; et c'est ce qu'on ne sauroit bien faire dans les tragédies 
où il n'y a point de chœur : car lorsque les acteurs, emportés par la passion, parlent et agissent 
selon les maximes du monde, qui sont ordinairement opposés aux règles de la religion , il n'y a 
personne qui les corrige ; ces maximes pernicieuses se fortifient dans l'esprit des spectateurs, qui en 
sont déjà prévenus, et y nourrissent les passions , au lieu de les éteindre ; et quand il n'y auroit 
que cette seule raison , elle devroit suffire pour qu'on rétablisse le chœur, comme Racine l'a fait 
dans ses deux dernières tragédies, Esther et Athalie. 
Les personnages qui composoient ce chœur, si nécessaires aux drames des anciens, étoient très¬ 
nombreux ; ils occupoient l'orchestre, y restoient pendant toute la pièce, et récitoient leurs chants, 
tels qu'on les voit dans les tragédies des auteurs grecs. Il n'y avoit que les acteurs principaux qui 
paroissoient sur le proscenium , d'où ils récitoient leurs rôles. 
L'orchestre et le proscenium étant les seules parties du théâtre grec, qui différassent de celuj 
des Romains, Vitruve indique, dans ce chapitre, les principes d'après lesquels devoient opérer les 
architectes grecs, lorsqu'ils traçoient les plans de leurs théâtres. Après avoir dit qu'au lieu des quatre 
triangles employés par les Latins , pour tracer leur théâtre *, les Grecs employoient trois carrés 
et que le côté de ces carrés (hh), qui étoit le plus près de la scène, en marquoit le devant ; il 
ajoute qu'on traçoit ensuite une autre ligne (gg) parallèle à ce côté, qui marquoit le fond de la 
scène. Il est bon de remarquer ici la différence que cela apportoit entre le théâtre grec et celui 
des Romains. * Le fond de la scène, dans le théâtre romain, étoit terminé par le côté du trian¬ 
gle (gg) tracé dans le cercle , et le devant l'étoit par le diamètre (bb) de ce cercle : tandis que 
dans le théâtre grec ***, le fond de la scène étoit terminé par la ligne (gg) tracée hors du cercle, 
et le devant l'étoit par le côté du carré (hh) tracé dans le cercle : tellement que la ligne qui 
marquoit le fond de la scène dans le théâtre romain, marquoit à-peu-près le devant de la scène 
chez les Grecs ; ce qui rendoit leur orchestre bien plus étendu. 
Voici comme Vitruve veut qu'on trace les côtés de l'orchestre : depuis les degrés (bb) jusqu'à 
la ligne qui marque le devant de la scène (12), on trace, dit-il, une troisième ligne (bb) parallèle 
aux deux autres, qui passe par le centre de l'orchestre, vis-à-vis du proscenium, et où cette ligne 
coupe la circonférence à droite et à gauche , on marque les points (bb) ; on place ensuite le 
compas dans le point (b) à droite, et avec l'intervalle gauche (bb), on trace la portion du cercle 
(61) jusqu'au côté droit du proscenium ; on fait la même chose de l'autre côté. 
4 Planche XVIme 
*** Planche XVII.me 
** Planche XVI.me
	        
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