LARCHITECTURE DE VITRUVE.
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de Constantin à Rome, et à celui de Trajan à Ancone. Ils n'ont pas fait attention que Vitruve ne
parle ici des entablemens que par hasard; qu’il s'agit principalement des chapiteaux. Je crois, quant
à moi, qu’il a entendu que la face des chapiteaux (d'e du profil fig 3.me planche XII) ne soit
pas placée directement avec la partie la plus extérieure de la tige de la colonne ; mais qu'elle fasse
deux saillies égales des deux côtés de la colonne, et que les volutes répondent aux angles des
stvlobates. Je crois d'autant plus que c'est le sens de Vitruve, qu’il a parle de l'astragale comme
saisant partie de la colonne et non du chapiteau ; si l'asiragale avoit tenu au chapiteau , son dia¬
mêtre étant à-peu-près le même que celui du haut de la colonne, le chapiteau se plaçoit natirel¬
lement comme il devoit être ; mais puisque c’est l'ove qui doit poser immédiatement desus et qu'ell
doit faire une saillie assez forte en avant de la tige, il étoit nécessaire d'indiquer que cette saillie
devoit être égale de chaque côté, et c’st ce que Vitruve a voulu dire par ces mots, in equalem
modulam; et par le mot capitulum, je crois qu'il entend la facé du chapiteau, parce qu'il indique
que la saillie de l'ove sur la face doit être égale à l'oeil de la volute.
Après avoir parlé des chapiteaux, Vitruve nous donne les proportions des épystiles ou enta¬
blemens.
Nous avons vu que les architectes Gres et Romains, persuadés que la beauté des édifices dépen¬
doit sur-tout de la belle harmonie des proportions, mettoient la plus grande importance à les ob¬
server exactement ; non-contens de cela, ils ont cherché à obvier à la diminution apparente qui
résulte de l’éloignement des objets ; c’est pourquoi ils ont retranché quelque chose de l'atténuatior
des colonnes lorsqu’elles étoient très-élevées, et ont aussi augmenté alors la grosseur du chapiteau
pour que ces objets paroissent à la vue avoir la même grosseur qu’ils auroient sils n'étoient pas si
élevés. Pour la même raison, à mesure que les colonnes sont plus hautes, ils augmentent la hau¬
teur de l'architrave et des autres parties de l'entablement, puisque c’est sur elle qu'ils les régloient
toutes, comme nous l'avons vu.
Deux causes contribuent à ce qu'un objet éloigné paroise plus petit à la vue qu'il n'est en effet
l'une est le rétrécissement de l’angle visuel; l’autre est la masse intermédiaire de l'air, dont le volume
augmente à mesure de la distance ; sa densité dérobe alors à l'æil les contours et l'extrémité des
obiets, et les fait par-conséquent paroître plus petits. Suivant sa coutume, Perrault reprend encore
ici Vitruve ; et prétend que la diminution des objets dépend uniquement de l'angle visuel. Les
personnes instruites connoîtront aisément qui raisonne le mieux, Perrault ou Vitruve ?
L'entablament se compose de trois parties principales ; celle qui pose immédiatement sur les cha¬
piteaux des colonnes, se nomme en latin épistyle, composé des mots grecs srèsuàoe, c'est-à-dire sur
les colonnes. C'est ce qu'on nomme maintenant l'architrave , mot moité grec, moitié. latin. Arch
dans la composition des mots grecs signifie ce qui est le premier, le principal. Trabs signifie, en latim
une poutre, ce qui convient fort bien à la pièce de bois que représente aujourd'hui, l'architrave,
et qui se met sur les colonnes, cette pièce étant la première et la principale, et celle qui soutient
toutes les autres.
Vitruve pous dit que la largeur du bas de l'architrave doit être égale au diamêtre du haut de la
colonne, et que sa largeur par en haut doit être égale au diamêtre du bas de la colonne. Je ne