Full text: Vitruvius: L' architecture de Vitruve

L'ARCHITECTURE DE VITRUVE. 
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comprendra facilement que, si l'on peut tracer un homme dans un cercle, on pourra également le 
tracer dans toutes les autres figures qui s'inscrivent dans ce cercle. 
Outre les proportions et les mesures, les anciens ont encore pris sur les parties du corps humain 
l'usage des nombres. Vitruve nous apprend dans ce chapitre que l'arithmétique doit son origine aux 
dix doigts de nos mains ; la plupart des peuples, avec leur secours, ont commencé à compter en 
additionnant des dixaines d'unités, dont ils formoient des dixaines de dix, ou des centaines, puis 
des dixaines de cent ou des mille. Cette manière de compter étoit la plus simple, et sembloit dictée 
par la nature. C'est pourquoi Platon trouvoit que le nombre dix étoit le plus parfait; cependant 
en divisant le nombre dix, on ne trouve pas ces rapports de proportions entre les différentes 
quantités qui le divisent, et la totalité, qu'on trouve dans d'autres nombres, que les mathématiciens 
trouvérent plus parfaits, dont les divisions proportionnées entr'elles, et avec le tout, formoient ces 
proportions qu'on nomme harmoniques, où le premier nombre est au troisième, comme la différence 
du second et du troisième. Tel est le nombre six, dont les diviseurs 1, 2, 3, sont en proportions 
harmoniques entr'eux et avec lui, parce que 2: 6 :: 1 : 3, ce nombre six, comme on voit, se compose 
de la somme de tous ses diviseurs, puisque tous ses diviseurs additionnés font ensemble le nombre 
de six. Ses diviseurs sont l'unité qui le divise en six parties égales ; 2 qui le divise en trois , et à 
qui le divise en deux. Qu'on additionne ensuite 1, 3, 2, le total sera six. Le nombre 12 est encore 
parfait par la même raison, puisqu'il est égal à 6, 2, 4, lesquels additionnés ensemble, font 12. 
Il y a encore plusieurs nombres de cette espèce. Cette proportion qui est dans la nature et qu'on 
trouve dans les nombres parfaits, a été saisie par les architectes qui s'en sont servis pour propor¬ 
tionner de même les édifices et les parties qui les composent, ce qui fait régner entr'elles la plus 
belle harmonie. Ainsi la plupart des rapports de proportions, dans les édifices, sont tirés de ces 
nombres parfaits. On verra par exemple que les divisions pour espacer les colonnes dans l'eustyle, 
qui est l'entre-colonnement qui a le plus de grace, se fait par ces nombres, puisque pour un temple 
tétrastyle, on divise la longueur du frontispice en 12 parties moins une demie, pour un temple 
exastyle en 18 parties, et pour un octastyle en 24. 
Afin de prouver aux Romains l'avantage qu'on pouvoit tirer d'un nombre parfait, à cause de ses 
divisions, comme celui de six. Vitruve cite l'application qu'on en fit pour diviser l'as romain, qui 
étoit un poids et en même temps la plus ancienne de leur monnoie. 
Les nations, dans le principe, n'avoient pas l'usage des monnoies frappées à aucun coin : elles 
commerçoient entr'elles par l'échange de leur marchandises, comme des brebis, des ânes, des 
chevaux, etc., ou bien on employoit des métaux estimés au poids. C'est de là que viennent les 
diférens noms donnés aux monnoies ; noms qui marquent l'ancien poids, comme l'as chez les Romains, 
et toutes les parties dans lesquelles on l’a divisé ; comme le talent et la mine chez les Grecs, le 
sicle chez les Hébreux, la livre tournois en France, la livre sterling en Angleterre, etc. Servius 
Tullius fut le premier qui fit frapper le cuivre à Rome ; il y fit mettre un animal, d'où les latins 
appelèrent cette monnoie pecunia, parce que dans leur langue pecus signifie bétail. 
Par Fas les Romains entendoient un tout solide (solidum), divisible en parties aliquotes. Cet as
	        
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