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DU TRADUCTEUR.
aisé de les suivre et d'en faire l'application, puisqu'elles sont toutes très-précisées. Tout
est mesuré, tout est déterminé dans l'architecture.
Il n'en est pas de même des belles-lettres, ni des autres arts que les Romains tenoient
aussi des Grecs. Tant de choses réunies doivent contribuer à la beauté dans les ou¬
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vrages de poésie et d'éloquence!
L'invention du sujet, sa sage disposition, la beauté des pensées, la vérité des images,
le choix des expressions, etc. De même, dans la péinturé, souride la poésie, a cor
rection du dessin, la beauté des formes, le choix des attitudes, la disposition conve-
nable de l'ouvrage, le parti que le peintre sait tirer du clair obscur, le coloris, etc.
Il existe bien des règles générales, mais leur application au sujet qu'on traite est
entièrement dans le génie du poête, de Torateur et de l'artiste. Pour bien connoître
ces règles et pour en faire la juste application, il faut avoir une partie du génie des
grands hommes qui les ont établies. Il falloit être Virgile pour imiter Homère; et
Cicéron pour imiter Démosthène. Nous ne voyons nulle part qu'aucun peintre ou
sculpteur romain ait atteint la perfection dans l'art d'Apelle, de Zeuxis, et de Praxitèle.
Dans l'architecture, au contraire, tout est déterminé, tout est fixé par des règles pré
cises et immuables. Dès qu'on eut trouvé les belles proportions qui constituent son
essence et font sa plus grande beauté, on en forma des principes qui sont à la portée
de tout le monde ; il suffit de les connoître et de ne pas s'en écarter¬
Nous avons retrouvé ses belles proportions dans les ruines de la Grèce et de
l'ancienne Rome dont la plupart des édifices étoient l'ouvrage d'architectes grecs, que
les Romains, vainqueurs des héritiers d'Alexandre, avoient emmenés avec eux pour
les employer à embellir leur capitale. (*)
Auguste et Mécène, ces grands protecteurs des beaux-arts, firent de Rome une
nouvelle Athènes.
Miiok.
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(*) Il y avoit déjà long-temps, comme nous le verrons dans nos remarques sur Vitruve, que les Etrusques
avoient fait connoître l'architecture en ltalie. Les Grecs même ont employé des architectes romains, comme
nous l'apprend Vitruve dans l'introduction du septième livre.