DE VITRVVE. trauers faicte vne tranchee pour vn canal. Mais ſi ce n’eſtoit fors
terre ou ſable, faites des coffres de maçonnerie à trauers vos
cauernes, ſi bien que la puiſſiez conduire par ceſte voye juſques
où vous la deſirez auoir. Et s’il eſt que veuillez creuſer des puits,
donnez ordre qu’il y ayt pour le moins entre deux vn acte, qui
eſt vne ſente de quatre pieds en largeur, & ſix vingts en lon-
gueur.

Si vous conduyſez voſtre dite eau par des goulets de plomb,
faites vne eſcluſe ou reſeruoir tout encontre la ſource: puis
ſoyent les lames d’iceux goulets ordonnees ſelon l’abõdance de
l’eau, & ces goulets cõduits depuis ceſte premiere eſcluſe juſques
à l’auge qui ſera pres des murailles.

Les goulets de plomb ne ſoyent fondus moindres que de dix
pieds en longueur: & s’il en faut cent pour vn rang continué,
chacun d’eux ſoit de douze cents liures peſant.

S’il y en faut ſeulement quatre vingts, chacune partie de ce
goulet poiſe pour le moins neuf cents ſoixante.

S’il n’en eſt requis que cinquante, leur poids ſoit de cinq cents
ſeulement.

Quand il n’en faudra que quarante, aduiſez à ne leur donner
ſinon quatre cents quatre vingts de peſanteur.

Où ce ſeroit aſſez de trente, le poids de trois cents ſoixante ſuf-
fira pour chacun.

Pour vingt, il ne les faudra que de deux cents quarante.

Pour quinze, de cent quatre vingts.

Pour dix, de ſix vingts.

Pour huict, de quatre vingts & ſix.

Et pour cinq de ſoixante ſeulement.

Ces lames de plomb portent leurs noms acquis de la largeur
des doigts & poulces qu’elles ont auãt eſtre tournees en rõdeur: car ſi vne d’entr’elles a cinquante poulces de large premier qu’e-
ſtre miſe au goulet, on l’appelle cinquantainerie, & ainſi conſe-
quemment toutes les autres.

La conduite de l’eau donc, qui deura eſtre faicte par des gou-
lets de plomb, ſe peut expedier en ceſte ſorte, à ſçauoir que s’il y
a pente depuis la ſource juſques aux murs de la ville, non empeſ-
chee de montaignes entredeux, en ce cas faudra baſtir les coffres
de maçonnerie, & leur donner les glacis ou talus, ſuyuant ce que
j’ay dit en parlant des foſſés ou tranchees. Mais s’il n’y auoit gue-