DE NEUTON.
Anciens qui ont raifonné ſur la Phyſique ſans
avoir le flambeau de l’expérience, n’ont
été que des aveugles, qui expliquoient la
nature des couleurs à d’autres aveugles.
Cet Ecrit ne ſera point un cours de Phyſi-
que complet. S’il étoit tel, il ſeroit immen-
ſe; une ſeule partie de la Phyſique occupe
la vie de pluſieurs hommes, & les laiſſe ſou-
vent mourir dans l’incertitude.
Vous-vous bornez dans cette étude, dont
je rends compte, à vous faire ſeulement une
idée nette de ces Reſſorts ſi déliez & ſi puiſ-
ſants, de ces Loix primitives de la Nature,
que Neuton a découvertes; à examiner
juſqu’où il s’eſt arrêté. Nous commence-
rons, comme lui, par la lumiere: c’eſt de
tous les corps qui ſe font ſentir à nous le
plus délié, le plus approchant de l’infini en
petit, c’eſt pourtant celui que nous con-
noiſſons davantage. On l’a ſuivi dans ſes
mouvemens, dans ſes effets; on eſt par-
venu à l’anatomiſer, à le ſéparer en toutes
ſes parties poſſibles. C’eſt celui de tous les
corps dont la nature intime eſt le plus dé-