LIVRE I.
A tempestes, en sortè que la saleure fera mourir & mesme empeschera de naistre tous les ani¬ CHAP IV.
maux des marais. L'experience a fait voir cela dans les marecages qui sont autour d'Alti¬
ne, de Ravenne & d'Aquilée, & dans plusieurs autres lieux de la Gaule Cisalpine, où les
marais n'empeschent point que l'air ne soit merveilleusement sain.
Au contraire quand les marais ont des eaux dormantes & qui ne coulent point à l'aide
d'aucune riviere ny d'aucuns fossez, comme ceux de Pontine; ces eaux faute d'agitation
se corrompent & infectent l'air. C'est pourquoy les habitans de Salapie ancienne Ville de
la Pouille bastie en un lieu de cette nature par Diomede à son retour de la guerre de
Troye; ou, comme quelques-uns croyent, par Elphias Rhodien, se voiant tous les ans
affligés de maladies, vinrent demander à M. Hostilius qu'il leur fust permis de transporter
leur ville en un lieu plus commode tel qu'il leur voudroit choisir; ce qu'il leur accorda sans
B difficulté, & ayant avec beaucoup de prudence & de capacité examiné les qualitez d'un
lieu prés de la mer qu'il jugea fort sain, il y bastit avec la permission du Senat & du peuple
*Romain, une nouvelle Ville, faisant payer à chacun des habitans seulement ? un Sesterce Nummus Se-
pour la place de chaque maison. Ensuite il fit une ouverture à un grand lac qui estoit prés gern.
de la Ville pour y laisser entrer la Mer & le changer en Port: de maniere que les Salapiens
sont à present en un lieu fort sain distant de quatre milles de leur ancienne Ville.
stertius, comme qui diroit composé de trois nombres,
9. UN SESTERCE. Cestoit un peu moins qu'un d
y. Cest pourquoy il estoit repre
le troisième est un dem
nos Sous:car le Sestertius ou le nummus Sestertius, qui estoitl
par deux points II & une S qui signifie Semis joints ensemble
mesme chose, valoit deux As & demy, ce qui s'entend de
en cette forme HS Sestertium ou Sestertia au neutre, valoit
l'As qu'Horace apelle vilis, & qui ne valoit qu'un peu plus
mille Sestertios, au masculin.
que quatre de nos deniers. Il est apellé Sestertiis quasi Semi-
CHAPITRE V.
Des Fondemens des Murs & des Tours.
ORSQUE l'on sera asseuré de la commodité du lieu où l'on doit fonder une Ville par CHAP. V.
la connoissance que l'on aura de la bonté de son Air, de l'abondance des Fruicts qui
croissent dans le pais d'alentour, & de la facilité que les Chemins, les Rivieres & les Ports
de mer peuvent apporter pour y faire venir toutes choses necessaires, il faudra travailler
aux Fondemens des Tours & des Rempars en cette manière.
Il faut creuser s'il se peut jusqu'au solide & dans le solide mesme, autant qu'il est ne-
cessaire pour soustenir la pesanteur des Murailles, & bastir le Fondement avec la pierre la
* plus solide qui se pourra trouver; 2 mais avec plus de largeur que les Murailles n'en doi¬
vent avoir au dessus du Rez de chaussée.
I. AuX FONDEMENS. Ceux du mestier disent ordinai¬
le plus; ou quatre pieds deux tiers pour le moins. D'autres
rement Fondation, au lieu de Fondement, qui est le mot pro¬
Architectes, comme de Lorme donnent beaucoup plus
pre dont Phil. de Lorme, M'. de Chambray & la pluspart
d'Empatement aux Fondemens, scavoir une moitié de lai
de ceux qui ont écrit de l'Architecture en François se servent
geur davantage que le Mur; c'est-à-dire que si le mur e
j'ay crû qu'à leur exemple il m'estoit permis de me dispenser
de deux pieds, le fondement sera de trois; ce qui semb
de parler comme les Maçons quand je le pourrois faire avec
estre fondé sur Vitruve au 3. liv. ch. 3. où il dit que les murs
raison. Les termes particuliers sont necessaires dans les Arts
qui sont au dessous des Colonnes doivent estre plus lar
quand ils expriment les choses avec plus de distinction; mai
que les Colonnes de la moitié; Mais Palladio donne enc
uy-cy fait tout le contraire; car le mot de Fondation est
davantage de largeur aux Fondemens, car il veut qu'i
ibigu, sa signification est figurée & elle designe les biens
ayent le double du Mur; & Scamozzi donne aux Fondemer
& les revenus qui sont établis pour entretenir une
des grosses Tours trois fois la largeur du Mur, & en
e, au lieu que le Fondemen
déborder le haut de chaque costé de la moitié de la lar
a maconnerie solide qui est établie pour entreteni
du Mur. Or supposé que la largeur de l'Empatement des
E &ap faire
ibsister le bastiment de l'Eglise. Par la mesme rai
Fondemens contribuë à leur Solidité
, ainsi qu'il y a beau¬
son j'ay toujours écrit le Plinthe d'une Base, & non la Plin-
coup d'apparence, il y a lieu de s'étonner que generalement
the ainsi que les Ouvriers disent, non plus que le Pourtour,
les Architectes ne proportionnent cette largeur d'Empate-
la Theorique & l'Arquitrave, bien que ces mots ne se
ment qu'à la largeur des Murailles, & qu'ils n'ayent pas
plûtost égard à leur hauteur & à la pesanteur de ce qu'elle
doivent soûtenir; car une Muraille de trois pieds d'épais
d'une base: mais j'ay crû que je pouvois parlet commel
seur qui doit porter des voûtes de pierre, plusieurs grands
reste du monde qui dit le Tour, la Theorie & l'Architrave
Planchers & des Toicts chargez de Tuille ou de Plomb, aura
besoin d'une plus grande solidité en son Fondemen
parce que ces termes sont entendus & par les Maçons &
par le reste du monde.
feroit un mur de six pieds d'épaisseur qui n'auro
grand faix à sodrtenit: car quoy qu'un Mur fort large ait
2. MAIS AVEC PLUS DE LARGEUR. Scamozzi re¬
e pesanteur que celuy qui est étroit, il a aussi davan¬
uit cette largeur des Fondemens à la huitième partie de l'é
le terre qui le soustient, & un Mur de six pieds a
orce de deux murs de trois, de mesme qu'il en a la pesanteu
& mesme il en a davantage à cause de la liaison des pierr
dépalleur, lon Fondement aura par en bas cing péeds pour