VITRUVE
& sur cette saillie au devant & au derriere, on met deux autres poutres qui ont sept piez A
CH.XX
de saillie, & qui sont de l'épaisseur & de la largeur du bois dont la base est faite. Sur cet
Postes compacti
assemblage on éleve des poteaux assemblez, qui ont neuf piez sans les tenons, & qui en¬
Trabes intercar- tout sens sont épais d'un pié & d'un palme, & distans l'un de l'autre d'un pié & demy; ils
dinatae.
sont joints en haut par“ des sablieres qui ont des tenons: sur ces sablieres sont placées les con¬x
Capreoli
tresiches,7 qui sont attachées l'une à l'autre par des tenons, & qui s'élevent de neuf piez.,
Sur chaque contrefiche il doit y avoir une piece de bois quarrée avec laquelle elle soit as¬
semblée: elles doivent encore estre arrestées par s des chevrons en travers qu'il faut cheviller,
Lateraria.
sur les pieces de bois quarrées & recouvrir d'ais de bois de palmier, ou de quelqu'autre
bois fort, tel que l'on voudra, pourveu que ce ne soit ny pin, ny aune, parce que ces bois
sont aisez à rompre & à brûler. Il faut couvrir? les costez de clayes faites d'osier vert en¬
trelacè & fort serré, & recouvrir de peaux fraichement écorchées que l'on doublera d'au¬ n
tres peaux semblables, mettant entre deux de l'herbe marine ou de la paille trempée dans du
AAlga.
vinaigre, afin que cette couverture soit à l'épreuve des Ballistes & du feu.
de canon qui en rompit une roue.
tent les pieces II, appellées lateraria, qui sont scituée
5. DES POTEAUX ASSEMBLE Z. J'interprete ainsi
comme les pannes: car il ne faut point trouver étrang
Postes compactiles. Et j'entens que cela signifie que ces po¬
qu'il y ait autant de forces que de poteaux, qui avec les con
eaux AA, sont assemblez par en haut avec une sabliere
trefiches font autant de Fermes, parce qu'il faut se souve
BB, de mesme qu'ils le sont par embas avec les poutres EE,
nir que tout l'usage de la Tortue consistoit dans la force de
,qui font le second chassis posé surla poutre DD.
sa couverture, cette machine estant faite pour soutenir le
DES SABII
coup des grosses pierres que l'on jettoit du haut des murail¬
TENONS.
ES QUI ONTI
par sa figure qu
Rusconi fait entendi
blieres sont
s, & non pas pour la couvrir de la pluye, ainsi que dit ce¬
entaillées à queue d'aronde pour recevoir les bouts des po-
y qui a fait l'explication des figures de Rusce
teaux: mais je ne vois pas quelle est la necessité de ces queues
7. QUI SONT ATTACHEES L'UNE A L'AUTRE
d'aronde: car l'assemblage par mortaise & par tenons à l'or-
DES TENONS. Il est difficile de concevoir com¬
dinaire est plus naturel, & le mot intercardinatae que j'a
des contresiches tienentensemble autrement que pat
interpreté, qui ont des tenons, signifie autant l'un que l'at
le moyen du poinçon auquel elles sont attachées. Cet en-
tre. Rusconi fait encore entendre que ces sablieres sont les
droit est obscur & est peut-estre corrompu, si ce n'est quęl'on
entende qu'il y a un poinçon DD, sur chaque entrait HH
auquel les contrefiches CC, sont attachées, une de chaque
costé, ainsi qu'il a esté dit.
8. DES CHEVRONS EN TRAVERS. Le mot late-
ta qui ne se trouve en aucun autre auteur, m'a semblé
ne pouvoir estre interpreté que par conjecture, les commen¬
'tateurs de Vitruve n'en ayant rien dit; & jay crû que les-
mises en travers sur les forces pourroient
pannes qui sont
estre ces pieces a
ppellées lateraria; veu que dans le chapitre
suivant, où il est encore parlé de ces lateraria, il est dit qu'ils
sont in transverso. Cette conjecture m'a esté confirmée par
un ancien exemplaire de Jocundus, où dans les notes qui
sont écrites à la marge, il y a que lateraria sont la mesme
chose que templa qui sont les pannes. Neanmoins je croy
qu'il faut entendre que ces pannes ne sont point de la gros D
seur des pannes ordinaires qui sont faites pour porterles
chevrons, mais qu'elles ne peuvent estre appellées pannes
qu'à cause de leur situation, qui est d'estre en travers sur
les forces, en sorte que les pieces que Vitruve appelle ic
lateraria, estoient des chevrons posez en travers immedi¬
ent sur les forces, de mesme que les pannes ont accoûtu¬
l'estre, & qui estant fort prés à prés, ainsi qu'il a esté dit
n'avoient point besoin de pannes qui soûtinssent des che-
vrons; mais que posant les chevrons en travers sur les
forces, les clayes qui estoient mises sur ces chevrons te-
noient lieu de chevrons ordinaires qui vont droit de haut
sablieres BB qui assemblent tous les poteaux d'un costé,
en bas.
& qui répondent à la poutre FF, sur laquelle les poteaux
LES COSTEZ. J'interprete ainsi tabulata qui est icy
sont posez: mais cela ne peut estre; & il faut, selon mon
loyé improprement, parce que tabulata, qui signifie
sens, supposer que les poteaux sont déja assemblez
plusieurs planchers, ne convient point à une Tortue, qui
qu'il a esté dit, par la sabliere B B, qui les fait estre ce
n'en avoit point du tout; car il y a apparence que les hom¬
ctiles; que la sabliere dont il s'a
t, marquée HH, qui est
mes qui estoient sous la Tortue, marchoient sur terre, afin
appellée intercardinata, c'est-à dire qui a des tenons, va de
de la pousser par dedans pour la faire aller. De sorte qu'
chacun des poteaux qui sont à un des costez, à l'autre po-
faut croire que quand Vitruve dit qu'il faut couyrir la
teau qui luy est opposé de l'autre costé de la machine; qu
tue au tour des planchers, il parle de la Tortue comn
chaque sabliere qui a des tenons, sert d'entrait, sur leque
auroit fait d'une tour de bois qui avoit plusieurs planchers
sont posées les contrefiches C C, qui soûtiennent les for
& differens étages; & qu'au tour des planchers ne signifie
ces EE, appellées ligna quadrata; & que ces forces por¬
point autre chose qu' aux costez de la machine.
CHAPITRE