LIVRE VI.
A theques, que dans celles qui regardent le midy & le couchant, qui sont sujettes aux vers CH AEVI.
& a l'humidite; parce que la mesme humiditem des vents qui fait naistre & qui nourrit les
vers, fait aussi moisir les livres.
Les Salles à manger dont on se sert au printemps & en automne, doivent estre tournées
vers l'orient; car par le moven: des fenestres que l'on tient fermées, jusqu à cèm que le So¬
leil soit tourném vers le couchant, on fait que ces lieux sont temperez dans le temps que
l'on a de coutume de s 'en servir. Les Salles qui sont pour l'esté regarderont le Septentrion.
parce que cet aspect rend les lieux toujours frais, sains & agreables, n'estant point exposez
au cours du Soleil; au contraire de celuy qui est au solstice d'esté, dont la chaleur est
insupportable. Cet aspect est aussi fort propre pour les Cabinets de Tableaux, & pour les
Plumariorum
8 Ateliers; des Brodeur & des Peintres; parceque le, jour quiy est égal à toute heure, entre, u
B tient les couleurs toujours en un mesme estat.
2. DES FENESTRES QUE LON TIENT FERMEES.
lent que les tableaux soient regardez: mais je croy que ce
Cet endroit est obscur & difficile, parceque l'on ne luy scar
mystere n'est pas bien entendu de la pluspart de ceux qui en
roit donnerde construction. Il y a Cùm enim praetenta lum
parlent. Car le jour qui donne sur un tableau luy peut estre
nibus, adversus solis impetus progrediens ad occidentem: l'ay
avantageux en deux manieres, la premiere est quand la di¬
tasché de trouver de la construction en lisant adversà au lie
rection de la lumiere qui éclaire le tableau est pareille à celle
d'adversus, & presupposant que cum est une preposition &
qui y est representée; & cela est ce que tout le monde seai
non pas un adverbe, ainsi qu'il sembleroit estre à cause d'enim
& qui, à mon avis, n'est pas d'aussi grande importance qu'o
qui le suit. Je lis donc, cum enim pratentâ, c'est-à-dire cum
le pense; parce que de quelque maniere qu'un tableau soir
pratentâ enim ou nam cum praetentâ luminibus adversâ, solis
illuminé il a toujours ce qui luy est necessaire, sçavoir que
impetus progrediens ad occidentem; ce qui signifie car le So¬
les couleurs fassent tout l'effet qu'elles doivent faire pour le
leil passant vers le couchant avec un rideau ou contrevent qui
clair & pour l'obscur; principalement quand il ne s'agit pa
luy est oppose, c'est-à dire pendant qu'un rideau ou contrevent
de tromper comme dans une simple perspective: Et cette
luy est opposé. Car pratenta ou pratentura qui est dit à pra¬
rencontre du jour exterieur, & de celuy du tableau
tendendo, signifie tout ce que l'on oppose & que l'on mêt
pas plus necessaire que seroit la rencontre de la haut
devant pour se couvrir. Les Historiens se servent de ce mot
l'œil avec celle de la ligne horizontale du tableau & dont
les Peintres ne se mettent pas beaucoup en peine; puis.
te signification. Ibique densis inter obsidentium itinera pra¬
tenturi, &c. Salubriter & cautè castra metata, praetentura
laquelle le jour peut estre avantageux à un tableau, est de le
totis itineribus ordinatae, &c.
mettre au mesme jour qu'il estoit quand il a esté peint; car
3. DES BRODEURS. On ne sçait point bien precisé-
quand il est veu à un autre jour, il est certain qu'il paroist
ment ce que c'estoit parmy les Anciens que plumarium
tout autre; parce qu'alors on voit sur sa surface des ineg¬
opus. Quelques-uns croyent que c'estoit un ouvrage fait avec
litez causées tous les differens coups de pinçeau que le Pei
des plumes d'oiseaux: mais il y a plus d'apparence que c'é
tre n'y auroit pas laissées, s'il avoit esté à ce jour-là quand il
stoit la broderie,
qui est differente de la Tapisserie en ce que
y a travaillé parce qu'il les auroit veuës. Un pareil incon-
la Broderie n'est pas une étoffe continue & tissue, mais com-
venient se rencontre aussi dans la Sculpture, & il fait un
posée de pieces rapportées, ou de fils couchez sur une étof-
partie considerable des difficultez qui s'y rencontrent:
fe ou sur une toile, de la mesme maniere que les plumes des
ce que comme les ouvrages de Sculpture peuvent estre
oiseaux le sont sur leur peau
à des aspects & à des jours differens ; il est certain que ces
jOuR. Les lieux tournez au Septentrion sont
circonstances leur font faire des effets differens; & que si
ores pour serrer les tableaux que les autres, dans
celuy qui travaille n'y prend-garde, ce qui fera un bon effet
lesquels les rayons du Soleil donnent une bonne partie du
a certains jours & à certains aspects, ne le fera
jour; parce que la trop grande lumiere mange les couleurs.
d'autres. C'est pourquoy les Chevalets dont on se sei
Linconvenient que Vitruve apporte du changement du jou
modeser, se tournent sur un pivot pour pouvoir varier les
ne paroist pas si important. Cependant les Peintres & le
jours & les aspects ainsi qu'il est necessaire.
curieux font un grand mystere du jour, selon lequel ils veu
CHAPITRE VIII.
CH.VIII.
Des differentes parties qui sont dans les Logemens selon qu'ils sont Communs ou
Particuliers, & qu'ils conviennent à des personnes de differentes conditions.
UTRE l'aspect du Ciel il faut observer dans la disposition d'une maison particu¬
E Oliere, de quelle maniere il faut bastir les lieux qui sont seulement pour loger le mai¬
tre de la maison, & ceux qui doivent estre communs aux étrangers: car dans les apparte¬
mens particuliers, tels que sont les Chambres, les Salles à manger, les Bains & les autres
lieux de cette nature, il n'entre que ceux qui y sont invitez: mais tout le monde a droit
d'entrer sans estre mandé dans ceux qui sont publics, tels que sont les Vestibules, les
Cours, les Peristyles, & les autres parties qui sont destinées à des usages communs. Or les
gens qui ne sont pas d'une condition fort relevée, n'ont pas besoin de Vestibules, ny de
Cabinets grands & spacieux, parce qu'ils vont ordinairement faire la cour aux autres, &
1. ET ON NE LA LEUR VIENT POINT FAIRE CHEZ EUX, sonnes de mediocre condition ne recoivent pas tant de mon-
Cet endroit est obscur. Le sens me semble estre que les per¬ de chez eux que les Grands à qui ils vont faire la cour avec
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