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LIVRE X.
trois coudées, et il la couvrait de peaux nouvellement écorchéés pour la défendre
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de toutes sortes de coups.
ob gols diceinbor
Il bâtissait la Tortue à Bélier à peu près de la même manière. Elle était large
de trente coudées (11), et haute de quinze, sans le toit, qui en avait sept depuis
la plate-forme (12) jusqu'au haut. Outre cette hauteur, elle avait encore une pe¬
tite tour qui s'élevait sur le milieu de son toit: cette petite tour était large pour
le moins de douze coudées, et elle comprenait quatre étages, dans le dernier
desquels on plaçait les Scorpions et les Catapultes, et dans les étages d'en bas
on amassait grande quantité d'eau pour éteindré le feu qui pouvait être jeté. On
plaçait dans cette Tortue la machine à Bélier, qui est appelée en grec Criodo-
che (13), et que l’on plaçait sur un rouleau arrondi parfaitement autour, sur le¬
in op
saillant à chaque étage, en manière de mâchicoulis
mais Philander estime que circuitio n'est rien autre
cliose que ce que les anciens appelaient peribolon et
lorica, qui est interprété parapet, par Dablancourt
dans César. J'ai suivi cette interprétation, parce que
les corridors de Stévéchius; qui sont en manière de
mâchicoulis, me semblent inutiles, ces mâchicoulis
n'étant bons qu'à empêcher que l'on approche du
pied d'un mur, qui est une chose dont il ne s'agit
point ici : joint que le mot peridrome, dont Athénée
s'est servi, ne signifie point particulièrement un cor¬
ridor hors d'œuvre, mais seulementquelque chose qu'
tourne tout à l'entour, et qui fait une enceinte, ains
que l'explique Pollux, qui dit que peridrome est l'ap¬
pui des plates-formes qui sont sur le haut des maisons.
Car quand Athénée dit que ce peridrome, devait avoir
trois coudées pour empêcher le feu, cela fait voir, ce
me semble, qu'il devait servir de parapet et de man-
telle, parce qu'il couvrait plus de la moitié de chaque
étage, et que ces trois coudées ne sont point pour la
saillie des corridors, laquelle n'aurait rien fait contre
les incendies, et aurait rendu l'assiette et l'empatte¬
ment de la tour moindre du quart que le corps même
de la tour, qui, par le moyen de ses saillies, aurait été
de six coudées plus large que l'empattement.
En cet endroit, Athénée met la hauteur de tous les
étages que Vitruve a omis, et il donne sept cou¬
dées et demie au 1er, cinq au 2e, aux 3e, 4e, et 5e
et quatre et demie aux 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13
14e, 15°, 16e, 17e, 18e, 19e, et 20e ; mais je crois qu'i
ya faute au texte grec, car toutes ces hauteurs d’étages
ne sont que 95 coudées, si cen'est qu'Athénée p'ait pas
compris l'épaisseur des planchers ; mais elle aurait été
trop grande, étant à chacun d'une coudée et d'un
quart, c'est-à-dire vingt-deux pouces, qui est la moitié
plus qu'il ne faut pour un plancher de bois,
(11) Vitruve n'a point suivi ici les mesures qu'A¬
thénée donne à la tortue à bélier : il est vrai qu'il
parle d'une grande et d'une petite tortue, et qu'il ne
donne les mesures que de la grande, qu'il fait longue
de cinquante coudées, large de quarante et haute de
treize et demie, sans le toit, qui en avait seize. La pe¬
tite tour qui s'élevait au-dessus du toit avait trois
étages. Il faut croire que les mesures que Vitruve
donne sont de la petite tortue ; mais les proportions
des parties ne se rapportent point avec celles de la
grande d'Athénée.
(12) J'ai cru devoir interpréter ainsi le mot stratum,
car la plate-forme, en termes de charpentier, est un
assemblage de deux sablières posées sur les extrémi¬
tés du mur, sur lesquelles les chevrons qui font le toit
sont posés, savoir, le bout du maître chevron sur la
sablière qui est en dehors, et le bout du petit che¬
vron, ou jambette, sur l'autre sablière qui est en de¬
dans.
eib iup o
(13) Dans tous les exemplaires de Vitruve, ce mot
grec criodoche est écrit avec un x, et les interprêtes,
qui croient qu’il est composé de crios, qui signihe un
bélier, et de docos, qui signifie une poutre, l'ont
interprété trabem arietariam ; mais je crois qu'il doit
être écrit avecun », ainsi qu'il l'est dans Athénée, qu'il
n'est point composé du nom de docos, mais du verbe