Full text: Vitruvius: Les dix livres d' architecture de Vitruve

A ces règles on attache des ressorts de fer (13) que l'on joint aussi avec les 
touches, lesquelles étant mises en mouvement font aussi remuer les règles. 
Dans la table sont les trous qui répondent à ceux des canaux pour la sortie du 
vent, et il y a encore d'autres règles (14) qui ont des trous qui tiennent les pieds 
de tous les tuyaux. Il y a des conduits (15) depuis les barillets jusqu'au col du 
Pnigeus (16), qui vont si avant qu'ils ont leur ouverture dans le petit coffre (17) : 
(13) Je n'ai pu suivre l'opinion de Turnèbe et de 
Baldus, qui, au lieu de choragia, lisent cnodacia, qui 
sont des boulons de fer, parce que des boulons de fer 
ne sont point propres, étant attachés aux règles, à 
faire ce qui est nécessaire au jeu de ces règles, qui 
ont besoin d'un ressort qui les fasse revenir quand 
elles ont été poussées par les marches du clavier; car 
cela me semble pouvoir être fait assez commodément 
par du fil de fer servant de ressort. Hiéron, dans ses 
Pneumatiques, dit qu'on se servait de cordes à boyaux 
pour faire relever les marches après qu'elles avaient 
été baissées. Mais l'action des ressorts de fer de Vi¬ 
truve est bien exprimée par le mot de choragium, qui 
est mis pour choragus, qui signifie celui qui fait dan¬ 
ser ; parce que ce ressort fait sauter les marches du 
clavier, lorsqu'il fait revenir promptement les règles 
après qu'elles ont été poussées par ces marches. Ce 
mot de choragia, pour choragi, a été mis de même 
qu'ici au chapitre IX du cinquième livre, où il est 
parlé de ceux qui ont la conduite des ballets. 
(14) Je lis : regulis aliis sunt annuli, ajoutant aliis 
que le sens du discours demande; car il n'y a point 
d'apparence que les règles qui sont entre les canaux 
du sommier et le canon puissent avoir des trous dans 
lesquels les bouts des tuyaux soient mis, parce que 
ces règles ont un mouvement continuel , et que les 
tuyaux doivent être immobiles. C'est pourquoi je 
crois qu'il y avait d'autres règles qui faisaient l'office 
de ce que, dans nos orgues, on appelle le faux som- 
mier, qui est un ais percé de même que la chape du 
sommier, mais dont les trous sont de la grosseur du 
corps du tuyau, au lieu que ceux de la chape ne 
sont que de la grosseur de l'embouchure du tuyau 
Car il est dit que ces règles ont des anneaux, c'est-ଠ
dire des trous, qui tiennent et affermissent les pieds 
de tous les tuyaux, les embrassant par le haût, un peu 
au-dessous de la bouche du tuyau. On appelle em¬ 
bouchure aux tuyaux des orgues la partie par la¬ 
TOME II. 
LIVRE X. 
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quelle ils reçoivent le vent ; et la bouche, celle par 
laquelle ils sonnent. 
(15) J'ai cru ne devoir pas traduire en cet endroit 
le mot fistulæ par celui de tuyaux, à cause de l'équi¬ 
voque qu'il y aurait eu, par la raison que l'on ap 
pelle ordinairement tuyaux les organes qui sonnent, 
et non pas ceux qui portent le vent qui fait sonner 
et que, pour cette raison, les ouvriers appellent porte¬ 
vents. Je n'ai pas cru devoir aussi employer le mot de 
porte-vent, parce qu'il est trop particulier pour pou¬ 
voir rendre celui de fistula, qui est très-général : c'est 
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pourquoi j'ai choisi lé terme de conduit. 
(16) Il est, ce me semble, évident qu'il y a faute 
dans tous les exemplaires où on lit ligneis cervicibus : 
ce qui n'a point de sens, parce qu'il n'a point été parlé 
d'aucun col de bois. C'est pourquoi je lis pnigeis cer¬ 
 
gicibus. 
(17) Il faut entendre que les conduits qui portent 
l'air des barillets dans le col du pnigeus se recourbent 
en haut aussitôt qu'ils y sont entrés, et que cela les 
fait monter dans le petit coffre. La raison de cette 
courbure est la facilité qu'elle donne à l'action des 
soupapes, en manière de faussets ou cônes, qui, étant 
mis dans les bouts de ces tuyaux ainsi recourbés; 
demeurent par leur pesanteur, qui n'empêche point 
que l'air ne les lève pour entrer, lorsqu’il est poussé 
par les pistons des barillets. Mais cette pesanteur aide 
à les faire joindre aux ouvertures pour les boucher, 
lorsque les barillets cessant de pousser de l'air, l'eau 
qui a été élevée dans le coffre presse l'air qui y est 
enfermé, et qui pousse les soupapes en faussets dans 
leurs trous. Les soupapes en faussets font le même effet 
que les cymbales aux barillets; mais c'est d'une façon 
contraire, car les cymbales ont la base du cône vers 
le bas, et en s'élevant ferment le trou qu'elles doi¬ 
vent boucher, et les faussets, au contraire, ont leurs 
pointes en bas : c'est pourquoi ils n'ont point eu 
besoin de chaînes ou de dauphins pour les suspen- 
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