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humaine; enfin les machines pour tirer sont celles qui transportent ou qui
élèvent de grands fardeaux.
Pour monter à des lieux élevés, on n'a pas tant besoin d'art que de hardiesse.
Tout l'art consiste à assembler des montants et des échelons; en sorte que l'on en
compose une machine pliante dont une partie sert de soutien à l'autre. L'art de
faire agir les machines par le moyen de l'air est très-ingénieux, et produit des
effets merveilleux. Pour ce qui est de l'art de tirer les grands fardeaux, il est
très-utile pour quantité de choses, mais particulièrement pour faire de grands et
magnifiques ouvrages, quand on s'en sert avec prudence et adresse. Toutes ces
machines se remuent ou mécaniquement ou organiquement : car il semble qu'il y
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timbres; ce qui comprend tous les instruments de mu¬
sique qui ne sont point à vent; car toute la musique
était divisée en Vocale et en Instrumentale, et l'in¬
strumentale en Pneumatique, c'est-à-dire qui dépend
du vent, et en Psaltique, c'est-à-dire qui consiste en
frappement. La psaltique est de deux espèces : celle
qui frappe les timbres, laquelle est présentement en
grande vogue dans les villes des Pays-Bas, et celle
qui frappe, qui est aussi de deux espèces, l'une qui
frappe les cordes en les frottant, ainsi qu'il se fait
au violon avec un archet, aux vielles avec une roue,
aux archivioles avec une ceinture de cuir avec son
poil, l'autre, qui frappe les cordes sans les frotter; ce
qui se fait encore en deux façons, car, ou la corde est
poussée sans que ce qui la pousse la quitte, comme il
se fait aux manicordions, ou ce qui pousse la corde
la quitte, qui est ce qu'on appelle pincer; et ce pin-
cement se fait en deux façons, savoir, ou avec le doigt
comme aux harpes, aux luths ou aux guitares, ou
avec des sautereaux, comme aux épinettes. La pneu¬
matique, selon Psellus, est de deux espèces; car les
instruments à vent font des tons différents, ou par l'al¬
longement ou le raccourcissement de l'organe, ou pai
le renforcement ou le relâchement de l'effet qui se fait
en poussant le vent: il semble que par cette seconde
espèce il signifie les cors et les trompettes; mais il est
constant que ce n'est pas la seule différence de la force
du vent qui fait les différents tons dans le jeu des
trompettes; car cela ne vient que de la plus grande
ou de la moindre compression des lèvres de celui qui
sonne. J'ai un instrument de musique dont les sau¬
vages de la Guadeloupe ont coutume de jouer, qui
VITRUVE,
représente assez bien l'effet dont Psellus parle: ce sont
deux flûtes faites, à ce que l'on peut juger, de la tige
d'une ronce vidée de sa moelle. Elles sont de la lon¬
gueur de dix-huit pouces et grosses, en dedans seule-
ment, de quatre lignes; elles sont jointes l'une contre
l'autre et accordées à l'unisson. Or les tons de ces
flûtes sont différents selon que l'on souffle plus ou
moins fort; en sorte que du plus bas ton on passe im¬
médiatement à la quinte, et de là à l'octave, et ensuite
à la dixième, puis aux douzième, treizième, quator-
zième, quinzième, etc., comme dans les trompettes.
Ce n'est pas sans raison que Vitruve dit que par le
moyen de la machine pneumatique, qui est ce que
nous appelons les orgues, on imite tout ce que la voix
et les instruments que l'on touche ou que l'on frappe
peuvent faire ; car les flûtes bouchées, jointes aux ré
gales enfermées dans des tuyaux médiocrement longs,
imi tent la voix humaine ; les régales enfermées dans
des tuyaux plus longs, que l'on appelle cromornes
mitent les violons; les petites flûtes qui composent
ce que l'on appelle la fourniture, et celles qui com¬
posent les cymbales jointes aux autres jeux, qui toutes
ensemble font le plein jeu, imitent le son des cloches
et des timbres, à cause de ce tintement aigu qu'elles
représentent, qui est inséparable et comme le vrai
caractère du son des cloches, et qui, parce qu'il se ren-
contre aussi aigu dans les plus grosses cloches que dans
les plus petites, est imité par des tuyaux qui sont
presque aussi petits aux plus basses touches qu'aux
plus hautes, n'ayant que l'étendue d'une octave pour
tout le clavier, qui comprend ordinairement quatre
octaves.