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sant les différences des heures selon les temps. Car dans le signe de chaque
mois on fait justement autant de trous qu'il y a de jours, et dans l'un de
ces trous on met comme un clou à tête, qui représente le soleil et qui
marque les heures; ce clou étant changé d'un trou dans un autre, fait le
cours d'un mois : et de même que le soleil, en parcourant les espaces des
signes, fait les jours plus grands ou plus petits, ainsi le clou, dans ces hor-
loges, allant de trou en trou par une progression contraire à celle de la roue
lorsqu'il est changé tous les jours, passe en certain temps par des espaces plus
larges, et en d'autres par de plus étroits, et représente fort bien la longueur
différente que les heures et les jours ont en divers mois.
Mais si l'on veut que l'eau tombe dans une proportion convenable pour
marquer cette inégalité (25) de jours et d’heures, voici comment il faut s'y
prendre : Derrière la plaque qui est au-devant de l'horloge, il faut placer au¬
dedans un vase qui serve de réservoir, dans lequel l'eau tombe par un tuyau.
Ce vase a par le bas un conduit au bout duquel est soudé un tambour de
cuivre (26) qui est aussi percé, en sorte que l'eau du château peut couler par
ce trou. Ce tambour en enferme un autre plus petit, et l'un et l'autre sont
joints ensemble comme un essieu l'est au moyeu d'une roue. Ces deux par¬
ties sont appelées mâle et femelle, et sont ajustées d'une manière si précise, que
La structure de cette horloge anaphorique est re¬
présentée dans la planche LXXX , figure 2, et elle
est telle que selon que le soleil marqué G est diffé¬
remment placé dans la ligne écliptique du zodiaque
qui est ponctué, il décrit ou le cercle équinoxial ou
ceux des tropiques, ou tous ceux qui peuvent être faits
entre ces trois cercles pour tous les mois et pour tous
les jours de l'année, et en décrivant ces cercles, il passe
au droit des filets de cuivre, disposés selon l'Ana¬
lemme, ainsi qu'il a été dit, et y marque les heures.
Car il faut entendre que la roue B, E, G, est tournée
par le moyen du sac D, qui fait tourner l'essieu G au¬
quel la roue est attachée, et que le volet A, qui est
percé en rond, et rempli en cet endroit des filets de
cuivre, et qui est représenté ouvert dans la figure.
doit être fermé sur la roue B, E, G. Il faut encore
entendre que les heures soient écrites au droit des
filets de cuivre, et autour du rond qui est percé au
volet A, et qu'elles sont écrites de l'autre côté, qui
est le seul qui soit visible quand il est fermé.
VITRUVE,
(25) Ces mots ne sont point dans le texte expressé¬
ment, mais j'ai cru qu’ils étaient en puissance dans ces
mots ad rationem, car le sens est que l'on peut faire
que les heures inégales soient marquées par l’inéga¬
lité du cours de l'eau, de même que la différente dis
position du clou produit cet effet dans l'horloge ana¬
phorique, ou par la différente situation de la colonne
dans l’horloge où les heures sont indiquées par le bout
d'une baguette.
(26) Le mot de tympanum signifie beaucoup de
choses différentes, car c'est quelquefois le devant d'un
fronton, quelquefois une roue d’horloge, quelquefois
une roue creuse qui sert à élever l'eau ; ci-devant, dans
les clepsydres de Ctésibius, c'est un vase renversé qui
nage sur l’eau. Ici c’est un cercle de cuivre semblable
à un tambour de Biscaye, et ce tambour est de deux
espèces, l’un plus grand, que l’on nommefemelle, mar¬
qué M dans la troisième figure de la planche LXXX;
l'autre plus petit , qui s'emboîte dans le grand et
qui est appelé mâle, il est marqué L, D,O.