LIVRE VIII.
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De plus, quand on cherche des eaux, il faut bien examiner la qualité du sol
parce que leur qualité dépend en grande partie des terres où elles se trouvent,
et qu'en certains lieux on en trouve en bien plus grande abondance: ainsi, par
exemple, l'eau que l'on trouve dans la craie n'est jamais abondante, elle est peu pro¬
fonde et n'est pas d'un très-bon goût; dans les sables mouvants, on en trouve peu.
et, si pour la trouver on creuse un peu profondément, elle est bourbeuse et désa¬
gréable à boire; dans la terre noire, la meilleure est celle qui s'y amasse des
pluies qui tombent pendant l'hiver, et qui, ayant traversé la terre, s'arrêtent dans
les endroits où cette terre est assez solide et assez compacte pour la retenir.
L'eau que l'on trouve dans les terres sablonneuses pareilles à celles des bords
des rivières est aussi fort bonne; mais on en trouve peu et les sources tarissent
quelquefois. Dans le sablon mâle (3), au contraire, ainsi que dans les veines de
gravier et carboncle, les sources sont toujours abondantes et les eaux très¬
bonnes. Dans la pierre rouge elles sont également bonnes et abondantes,
pourvu qu'elles ne s'échappent point par les jointures des pierres. Mais c'est
encore au pied des montagnes, parmi les rochers et les cailloux, que l'on trouve
les sources les plus abondantes et dont les eaux sont les plus fraîches, les plus
saines et les plus salutaires. Dans les plaines les eaux sont ordinairement sau¬
mâtres, pesantes, tièdes et peu agréables à boire, à moins qu'elles ne viennent
des montagnes, et que, conduites dans la vallée par dés conduits souterrains, elles
ne se trouvent ombragées par des arbres qui leur conservent la douceur agréable
que l'on remarque en celles qui sortent des lieux élevés.
Outre ces signes que nous venons d'indiquer, il y a encore d'autres moyens
pour reconnaître les lieux où l'on peut trouver de l'eau sous la terre.
Par exemple, il y en a ordinairement dans les endroits où l'on trouve de petits
joncs, des saules qui sont venus d'eux-mêmes (4), des aunes, du vitex (5), des
prendre garde que le lieu d'où l'on voit s'élever la
que ceux que l'on plante sont ordinairement alignés.
vapeur ne soit pas humide en sa superficie, afin que
De sorte que le sens de Vitruve est que les saules qui
ont été plantés en un lieu ne signifient pas qu’il y ait
cette vapeur ne puisse être attribuée qu'à l'eau de
des sources d’eau, comme font ceux qui y sont venus
source qui coule sous terre.
(3) Il a été expliqué dans le second livre ce que
d'eux-mêmes.
(5) J. Martin interprète mal vitex par osier, prenant
c'est que sablon mâle, carboncle et gravier.
(4) J. Martin a traduit salix erratica saule sauvage;
vitex pour vimen, qui n'est point le nom d’une plante,
mais qui signifie toutes celles avec lesquelles on peut
mais on ne distingue point les saules en sauvages et
cultivés. On ne trouve point dans les botanistes, parmi
faire des liens, à quoi l'osier n'est pas seul propre.
On a expliqué ce que signifie vitex sur le neuvième
plus de cent espèces qu'il y a de saules, celle de saliy
erratica, qui doit signifier un saule qui est né de lui¬
chapitre du second livre.
même, ce que le mot d'erratica semble signifier, parce