Full text: Vitruvius: Les dix livres d' architecture de Vitruve

LIVRE V. 
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cheveux, des oreilles, ou étaient pourvus des ornements des coiffures de femmes. 
On les appelait Persona. 
Les premiers furent faits d'écorce d'arbre, et ensuite de cuir doublé de toile; 
mais pour éviter la corruption dans les formes, on les fit en bois très-léger, et 
afin de rendre la voix plus forte, on les doubla de lames d'airain ou autres corps 
sonores (1); l'on adaptait encore à l'ouverture de la bouche une espèce de cornet, 
qui produisait l'effet de nos porte-voix. C'est pour cette raison que l'on trouve 
dans la représentation des masques antiques des bouches si démesurément gran- 
des, et qui rendent les visages hideux vus de près, mais qui, à une grande distance. 
ne produisent plus qu'une expression caractéristique. 
Les anciens, de même qu'ils n'avaient que trois genres de décorations, 
n'avaient que trois sortes de masques, c'est-à-dire pour les scènes Tragiques, 
Comiques ou Satyriques ; ceux destinés à ce dernier genre étaient horriblement 
chargés, et augmentaient de grandeur selon les personnages qu'ils repré¬ 
sentaient, tels que les Faunes, les Satyres, et venaient au point d'être ex¬ 
traordinaires pour les Cyclopes ; on augmentait aussi la taille des acteurs. 
Les masques tragiques étaient graves et dans le caractère des rôles. 
Les masques des femmes et des danseurs étaient agréables et réguliers : on les 
nommait, suivant Lucien, Masques Muets ou Orchestriques. 
Chez les Grecs, où la comédie était plus libre que chez les Romains, on cher¬ 
chait à jouer les vivants avec des masques à leur ressemblance; c'est ainsi 
qu'Aristophane, dans 'sa comédie des Nues, donne à un de ses acteurs un masque 
si ressemblant à Socrate, que l'on croyait le voir. Les Romains corrigèrent cet 
abus, et, dans les comédies de Térence, les masques expriment seulement l'age, 
l'état, les mœurs et les passions du rôle, mais sans traits connus. 
Un grand effet de représentation dans les spectacles anciens, c'était le fré¬ 
quent usage des chœurs. Nous voyons, d'après les règles qu'Aristote rapporte 
dans sa Poétique, et d'après l'exemple des meilleurs poètes grecs, qu'ils plaçaient 
toujours la scène dans un lieu public. La tragédie surtout, étant la représen¬ 
tation d'une action publique et visible, qui se passe entre des personnages illus¬ 
tres, et de la plus grande élévation, il n'est ni vraisemblable, ni possible, que 
cette action se passe en public, sans qu'il y ait beaucoup de gens, autres que 
bruissement causé par les lames d'airain la rendait 
(1) On se servait de la pierre calcophonos, dont les 
lames fort minces augmentaient de beaucoup le volume 
souvent confuse. 
de la voix, sans altérer sa clarté, tandis que le 
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TOM. I.
	        
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