LIVRE Y.
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Ouoique Vitrave dise qu'ily adix-huit sons dans chacun des trois genres, ce n'est que dans le
seul genre Énarmonique qu'on trouve vraiment dix-huit sons différents; comme on le voit dans
la table placée à la fin des remarques deice chapitre. Car, dans le genre Chromatique, on n'en
trouve que dix-sept, puisque le son Paramesé du Tétracorde Diezeugmenon est le même que
celui de la Paraneté du Tétracorde-Synemmenon. Dans le genre Diatonique, il y a seulement
seize sons, parce que celui de la Trité et de la Paraneté du Tétracorde-Diezeugmenon sont les
mêmes que ceux de ta Paraneté et de la Neté du Tétracorde-Synemmenon. Malgré cela, Vitruve
a raison de dire que, dans chaque genre, il y a dix-huit sons; car ceux-ci, quoique répétés
deux fois dans le même genre, doivent toujours faire nombre, puisque, dans chaque Tétra-
corde où ils se trouvent, ils ont des rapports différents avec les sons qui les composent.
Nous avons vu tout à l'heure que, nonobstant que le genre Enarmonique procède par deux
Dièzes et un Diton, le Chromatique par deux Demi-Tons et un Triemiton, et le Diatonique par
un Demi-Ton et deux l'ons; que cependant dans tous les trois genres, ces trois intervalles de
chaque Tétracorde égalaient ensemble un intervalle de deux tons et demi, ce qui forme la
consonnance de quarte. Il est clair ensuite que si les trois genres commencent par la même
corde ou son,qui est la Prostambanoménos, ou si l'on veut l'Hypaté-Hypaton, un même son,
par conséquent, doit commencer toute quarte ou tous les Tétracordes de chaque genre, le son
qui termine un Tétracorde étant celui qui commence le suivant.
Les Tétracordes n'étant qu'au nombre de cinq, il semble qu'il ne devrait y avoir que six
cordes immobiles ; cependant il s’en trouve huit, comme le dit l'auteur, et comme on peut le
voir dans la table, parce que le Tétracorde Diezeugmenon, c’est-à-dire des séparés , ne com¬
mence pas par la Neté ou dernière corde du Tétracorde Synemmenon, comme les autres Tétra¬
cordes ; mais, par une corde particulière, nommée Paramesé, qui forme la septième corde im¬
mobile. La huitième est la Proslambanomène, la première de toutes et la Surnuméraire ou
Ajoutée , comme son nom le signifie, laquelle n’entre dans aucun des Tétracordes. Dans la
table, on a désigné toutes les cordes immobiles avec des lettres majuscules, comme PROSLAMBA¬
NOMÉNE, HYPATÉ, etc.; dans la table avec les signes de la musique moderne, elles le sont par
des notes blanches.
Il faut encore remarquer que, quoique les sons n’eussent que neuf noms différents, comme
nous l’avons vu dans la table citée, ils étaient cependant au nombre de dix-huit dans chaque
Tétracorde, et cela parce que les sons du deuxième Tétracorde avaient les mêmes noms que
ceux du premier ; et ceux des trois derniers avaient les mêmes noms entre eux, tellement que,
pour les distinguer, on ajoutait, au nom de chaque son celui du Tétracorde : ainsi l'on
disait l'HYPATÉ-Hypaton, c'est-à-dire le Tétracorde-Hypaton ; HYPATÉ-Meson, c'est-à-dire le
Tétracorde-Meson. On disait de même la Trité du Synemmenon, la Trité du Diezeugmenon et
la Trité de l'Hyperbolœon.
Nous observerons enfin que les huit sons constants ou immobiles ont, dans tous les trois
genres, un nom et une valeur commune; et les dix autres, qui sont les mobiles, ont des noms
communs, mais des valeurs différentes : par exemple, la Tierce de l'Hypaté-Ilypaton s'appelle
dans les trois genres Lichanos-Hypaton ; cependant sa valeur diffère dans chacun, puisque la
Lichanos est un demi-ton plus haut que celui de l'Énarmonique, et la Lichanos du Diato¬