long-tems sur les toits sans se détériorer ne sont pas propres à faire de la maçon-
nerie. C'est pourquoi, pour faire des constructions d'une longue durée, il faut
choisir les tuiles qui ont long-tems servi sur les toits (1)
Pour ce qui est des murailles qui sont faites de bois entrelacé, il serait à sou¬
haiter qu'on n'y eût jamais pensé: car si elles ont quelque commodité à raison
du peu de tems et du peu de place qu'il faut pour les bâtir, elles sont si dange-
reuses à cause du feu, pour lequel il semble qu'elles sont des fagots tout préparés
qu'il vaut beaucoup mieux faire la dépense des murailles de tuiles maçonnées
que de s'exposer au danger que l'on court en se servant de murs faits de bois
entrelacé, qui n'offrent d'autres avantages que la facilité de leur construction; car
ceux même qui sont couverts d'enduit se fendent nécessairement le long des
montants et des travers, parce que le bois s'enfle d'abord par l'humidité qu'il
reçoit du mortier qui le couvre, et qu'ensuite, en se séchant, il se rétrécit, ce
qui fait casser l'enduit.
Néanmoins, si l'on veut faire usage de cette espèce de murs pour avoir plutôt
fait et pour épargner la dépense, ou parce que la place est embarrassée (2), voici
la manière dont il convient de les faire: il faut les asseoir sur un empatement un
peu plus élevé que le sol (3), afin qu'ils ne touchent point aux pierrailles, ni au
pavé; car s'ils y sont engagés ils se pourrissent, et en s'affaissant ils rompent et
gâtent toute la beauté des enduits.
Voilà ce que j'avais à dire de la construction des murailles, de leurs matériaux
en général, de leurs bonnes ou de leurs mauvaises qualités: j'ai traité cette ma-
(1) Il y à dans le texte : Ex veteribus tegulis tecti
structi parictes. Le copiste qui a écrit un ancien manu¬
scrit sur lequel a été corrigé un exemplaire que j'ai, a
cru qu'il y avait un solécisme, prenant tecti pour un
pluriel, et il a mis ex veteribus tegulis tecta structa, ee
qui donne des sens tout-à-fait différents au texte. Je
fais cette remarque pour faire voir que ce n'est pas sant
raison qu'on se donne quelquefois la liberté de propo¬
ser quelques changements au texte d'un auteur qui :
été si maltraité par les copistes.
(2) Le texte a impendentis loci deceptio cogit. Je lis
impediti loci interceptio, parce que la même chose a déj
été exprimée un peu devant en d'autres termes ; cari
est dit que les murs de cloisonnage dont il s'agit sont
eommodes, parce qu'ils sont bientôt faits, et qu'ils tien¬
VITRUVE,
nent si peu de place qu'ils n'embarrassent point. Celeri¬
tate et loci laxamento prosunt.
(3) Il semble que le texte ne dise pas cela, et que
solum substruatur alté signifie que le fondement doit être
profond ; mais la suite du discours fait voir clairement
que Vitruve n'a pas voulu dire autre chose : car la pro¬
fondeur d'un fondement ne fait rien pour empêcher
qu'un mur de cloisonnage ne se pourrisse, mais c'est
l'empatement de maçonnerie qui le peut empêcher;
joint que l'on peut dire, en quelque façon, que les
petits murs de maçonnerie que l'on fait au bas des murs
de cloisonnage sont comme la partie supérieure du fon¬
dément qui sera hors de terre, et que solum substrualui
a été mis au lieu de solo substruatur, c'est-à-dire supra
solum.